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p v r e C a r te re t , et b ientôt dans «n état de p erdition qui dura
dix m in u te s , lesquelles nous furent nécessaires p o u r d o u b le r
ce tte lie que nous longeâmes à dix brasses p ar une p lu ie b a ttante
et sans presque de v ent. Heureusement que dans les b o u -
pées de la lam e , dans lesquelles nous p a s s ion s , i l se trou v a it
assez d eau p o u r ne pas to u che r . P en d an t nn in s tan l nous nous
considérâmes heureux d’a v o ir d o u b lé la p oin te éle v é e de l ’île
sur la q u e lle la mer d é fe r la it , et de v o ir que nous n ’a llion s être
jetes que sur un h aut-fond où elle serait b eaucoup moins mauvaise.
Pen dan t le moment c r itiq u e on essaya de v ire r de b o rd •
mais le commandant v it rapidement q u ’il y a v a it plus d l
chances a ten ir le plus près. On fo rça de v o i le s , et p a r le temps
le plus affreux nous entrâmes dans le hâvre C a rte re t sans v o ir
même les hautes montagnes boisées qui s’éle v aient au-dessus
de nos tetes. I c i , si la catastrophe se fû t a c c om p l ie , on aurait
probablemen perdu une p artie de l ’équ ip a g e . E t que serait
devenu le reste dans un pays q u i n ’offre au cu n e ressource?
[E x t r a i t du J o u rn al de M . Ç u o y .)
L e 6 ju in , au moment où nons allions donner dans nn p o r t
commode et s u r , à la N o u v e lle - I r la n d e , un g ra in furieux vint
nous assaillir. Des torrens de p lu ie , comme nous n ’en avions
jama is v u s , nous dérobèrent b ien tô t la vu e de la c ô te , et nous
urnes cu tra inés sous le v en t du p o r t que nous avions vu de si
P . L ob scurité nous environnait de toutes p a r t s , et nous
n entrâmes dans le hâvre de C a r te r e t , vers cin q heures du soir,
q u e n co u ran t le plus g ran d danger de nous perdre sur i l
p o in te de 1 lie L e igh . Nous ne doublâmes ce tte p o in te hérissée
semblaient to u che r les a rbres q u i, du haut des ro ch e r s , s’é tendaient
sur la m e r ; en fin , notre b on h eur fu t tel dans cette
in c ro y ab le p o s it io n , que j ’entendis plus d’uu homme de l ’é q u iv
ena it de favoriser l ’A s tro la b e en la sauvant d ’une perte certa
ine. Cette rude epreuve pas sée, nous trouvâmes au fond du
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hâvre , sous l’île aux C o co s , u n beau m ou illa g e , où la co r v
ette fu t amarrée tout près du r iv a g e .
Mon ami C u ilb e r t , en faisant seul le to u r de l ’île aux C o co s ,
a v a it rencontré dans un site sauvage, au milieu des ro ch e rs , un
caïman qu i, à sa vu e , s’était aussitôt dirigé vers la mer. D’après
cette d é co u v e r te , le i4 ju ille t au m a t in , C u ilb e r t et moi nous
prîmes la be lle résolution d’aller chercher dans sa retraite le
ter rible amphibie. Munis des armes con v en ab le s , nous descendîmes
par la grande ch a leu r de m id i, et n ous ne tardâmes pas
à trou v e r l ’endroit où le caïman paraissait a v o ir établi son
repaire. T o u t était silencieux au to u r de n o u s; nous présumâmes
que c ’éta it l’heure où l’animal a lla it cb e rch e r la fraîcheur
au fond des e a u x , e t , résolus de l ’a t te n d r e , nous nous assîmes
côte à côte sur le sable b rû lan t de la p la g e . L a ch a leu r était
é to u ffan te , Tair ch a rgé de vapeurs pesait sur n o u s , et nous
en gourdissait de te lle sorte, que C u ilb e r t ne p u t résister davantage
, et q u ’il céda au sommeil en me p riant de v e ille r auprès
de lu i. Bien tô t c e p en d an t, malgré tous mes efforts p o u r rester
é v e illé , l’ indomptable sommeil s’empara aussi de m oi, c t quand
nous ouvrîmes les y eu x une grande heure s’était é cou lé e . Nous
rîmes b eaucoup tous deux de no tre v ig ilan ce e t de notre
ard eu r p ou r la chasse, to u t en nous estimant b eureux d’av o ir
sommeillé si tran q u illem en t; si l’hôte de ce lieu sauvage était
p endant ce temps remonté de la mer, no tre ré v e il n ’eût pas été
aussi paisible. Nous reprîmes le chemin du b o r d , d’un air un
p eu moins gue r r ie r qu’en partant.
L e len d em a in , le caïman lui-même v in t ch e r ch e r la mort
dans les flots de la baie. V e r s m id i, on le v it traverser la rade ;
trois erribarcatlons lu i donnèrent la ch a s se , et il succomba sous
u ne grêle de coups de fusil. Amen é sur la p la g e v o is in e , i l y
fu t disséqué malgré son h o r r ib le p u an teu r . C e t amphibie avait
douze pieds trois pouces de lon gu eu r .
[E x t r a i t du Jo u rn al de M . S a in s o n .)