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 Tonga ,  et  le droit qu’elles ont  de pouvoir  rompre des  
 noeuds  qui  leur  sont  devenus  à  charge,  préviennent  
 ces  querelles  si  fréquentes  chez  les Nouveaux-Zélan-  
 dais,  à l’occasion des  infidélités conjugales.  Il est rare  
 que  des  chefs se provoquent  au  combat pour de  semblables  
 motifs. 
 Occiipaiions.  La principale  occupation  des  chefs  est  de  s’entretenir  
 avec leurs mata-boulais,  de surveiller  la culture  
 de  leurs  terres,  la  construction de  leurs maisons, de  
 leurs pirogues  et  de  leurs  faï-tokas ,  enfin  de vaquer  
 et de présider aux cérémonies imposées par les rits de  
 leur religion  '. 
 Outre  la  danse  et  le  chant  qui  constituent  leurs  
 principaux  amusemens, ils ont  encore des jeux et des  
 amusemens de divers genres,  savoir  : 
 Le jeu du leagui qui est exclusivement réservé aux  
 eguis et mata-boulais.  Il  se joue  à deux ou quatre personnes. 
   Quand  il  n’y  a  que  deux joueurs,  ils  se  placent  
 l’un  devant  l’autre,  ayant  chacun  cinq  petits  
 morceaux  de  bois  dans  la  main  gauche.  Celui  qui  
 commence  à  jouer  fait  tout-à-coup  l’un  des  trois  
 gestes  suivans  de  la  main  gauche,  savoir  :  présenter  
 la main  ouverte,  ou  la  main  fermée,  ou  la main  
 fermée  avec  l’index  seul  étendu.  L ’autre  doit  faire à  
 l’instant même  le même geste,  sinon il perd un point,  
 et, s’il réussit, c’est à  son tour de jouer. Si au contraire  
 l’un  des  joueurs  peut  faire  cinq  fois de  suite  un  des 
 trois gestes en  question  sans  que  l’autre  puisse  le  répéter, 
   il pose  à terre  un  des  petits  bâtons  qu’il  tient  
 dans  la main  gauche.  C ’est  alors  au  tour du  perdant  
 de jouer, et celui  qui  peut le premier  disposer  de  ces  
 cinq  marques  gagne  la  partie.  Quand  ces  insulaires  
 jouent  à  quatre,  ils  se  placent  comme  pour nos jeux  
 de  cartes  à quatre  personnes, mais  chacun  est l’antagoniste  
 de  son  vis-à-vis ,  et  celui  qui  a le  premier  fait  
 ses  cinq marques aide  à son partner à  faire  les siennes  
 et  à  gagner la  partie.  Il  est impossible de  se  faire une  
 idée de  la rapidité  de  leurs  mouvemens,  de  l’action,  
 de  la  passion  même  qu’ils  apportent  à  ce je u ,  qui  a  
 beaucoup de rapports  avec celui que  les  Provençaux  
 nomment jouer à  la mourro.  Palou était  grand amateur  
 de  ce  jeu ,  et Je  l’ai  vu  y consacrer  des  heures  
 entières  à bord  de  l’Astrolabe,  sans  qu’il  en  parût  
 un  seul  instant fatigué ni ennuyé ». 
 Le  divertissement  ou  plutôt  la  chasse  du  fana-  
 hataï est encore  réservée aux eguil  du  premier rang.  
 Le  chasseur,  armé  d’un  arc  et  d’une flèche ,  se poste  
 dans une espèce de  treillis  couvert  de verdure ,  mais  
 pas assez pour qu’il ne puisse pas découvrir son gibier  
 au  dehors.  Au  sommet  de  cette  espèce  de  cage  est  
 attaché par une patte un  oiseau mâle de l’espèce  qu’ils  
 nomment  k aM  2.  Cet oiseau dressé  à ce manège,  fait  
 grand bruit et  bat des ailes  comme  s’il voulait  provoquer  
 au combat  ses camarades.  Au dedans du treillis, 
 1  Mariner,  I I ,  p.  221  et  2 2 2 . —   2  C’est  la  poule  d’eau  d’après  le  voca-  
 luilitire de Cook,  troisième Voyage.