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 Août.  Ber  aux  pieds  d’un  groupe  d’officiers  postés  sur  la 
 dunette. 
 Je  n’attendais  que  ce  signal;  à  l’instant je  fis  tirer  
 par-dessus cette pirogue deux coups de  fusils  chargés  
 à balle, qui leur firent aussitôt tourner le dos à la corvette  
 et ramer vers le rivage. Pour leur imprimer plus  
 de terreur,  et me  débarrasser tout-à-fait  de  leurs  im-  
 portunités, je fis  tirer en outre  par-dessus  leurs  têtes  
 un coup  de  canon  chargé  à mitraille  et pointé à toute  
 volée. Alors  ils  poussèrent  des  cris  de  détresse,  redoublèrent  
 d’efforts pour s’éloigner;  l’on  en  vit même  
 q u i,  pour mieux  se  soustraire  au danger,  quittèrent  
 leur pirogue pour sauter à l’eau et se mettre à la nage.  
 Du  reste  aucun  d’eux ne fut  blessé,  car nous  vîmes  
 les balles et  la charge de  la mitraille  tomber  bien  au-  
 pi.  cxi.  delà des pirogues. 
 Ces  sauvages sont de moyenne taille ; par les traits,  
 le teint et  la  tournure,  ils  ressemblent  fort  aux habitans  
 de la Nouvelle-Irlande.  Chez  quelques individus  
 la chevelure  se  rapproche  de  celle des  Papous,  mais  
 sans  avoir  son  ampleur  démesurée.  Des  bracelets  
 ornent  leurs  bras,  et  sur  les  parties  naturelles  ils  
 portent  quelque chose  d’oblong  et  de  rougeâtre  que  
 j ’ai supposé être une moitié de mitre ou autre coquille  
 semblable.  Leurs  pirogues  sont  petites,  grossièrement  
 taillées  et ornées  d’une  proue  sculptée.  Ces naturels  
 paraissaient  en  général  aussi  misérables  que  
 méchans  et perfides  g 
 *  Voyez  note  10. 
 Nous  avons nommé  anse  de  l’Attaque  la  partie  de  
 la  côte d’où  sortirent  ces  naturels,  et  il  est probable  
 qu’un  petit  navire  pourrait  y  trouver  un  mouillage  
 commode.  Toute  la  journée  nous  avons  eu  en  vue,  
 dans l’ouest,  la cime imposante du mont Bougainville,  
 qui  s’élève  à  une  hauteur  considérable  au-dessus  de  
 toutes  les montagnes  environnantes. 
 Enfin une légère brise d’ouest nous permit de mettre  
 le cap au  large et d’éloigner  lentement la côte dont  
 la  proximité devenait déjà  fort  inquiétante  pour nous  
 tous. 
 Il  a beaucoup plu toute la nuit ; bien que je me sois  
 constamment  maintenu  à  deux  lieues  de  terre,  la  
 brume nous  a  empêchés  d’en  distinguer  les  aecidens  
 jusqu’à, huit  heures et demie,  où  la pluie  a cesse et  le  
 ciel  s’est  un  peu  éclairci.  Par malheur  le  calme  est  
 survenu,  et nous n’avons pu faire route qu’à dix  heures  
 ,  à l’aide  d’une faible brise  du  S.  O . variable  au 
 S  E 
 Toutefois,  à midi,  nous  sommes  parvenus devant  
 un vaste  enfoncement  qui  creuse  fort  avant  dans  les  
 terres,  surtout dans la partie du S. E.  Son  ouverture  
 n’étant que de quatre milles , je présume qu’on  doit y  
 trouver d’excellens  mouillages,  et  plus que jamais je  
 gémis d’être privé des  objets  nécessaires  pour  tenter  
 avec quelque  succès d’y conduire  la corvette. 
 Réduit à passer devant cette baie  sans pouvoir 1 explorer, 
  je lui ai laissé  du  moins le nom d’un  des  premiers  
 voyageurs  du  siècle,  de  Humboldt,  le  sml  
 aussi  des  savans  qui  se  soit  intéressé  d’une  mamere 
 li.Q 
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