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 sopiembrc,  racontèrent qu’étant tous les deux occupés à puiser de  
 l’eau  avec  Bellanger,  ils  avaient  tout-à-coup  vu tomber  
 celui-ci  percé  par  la  üèche.  Au  même  instant,  
 deux  sauvages  s’étaient  précipités  au  milieu  d’eux  
 pour  se  saisir d’un  seau qu’ils  avaient  à  la main.  Nos  
 hommes  s’étaient  enfuis  en  toute  hâte  vers  la  chaloupe, 
   et  de  leur  côté  les  sauvages  avaient  disparu  à  
 travers  la  foret.  Les  hommes que j ’avais envoyés dans  
 le grand  canot n’avaient pu rien découvrir,  et s’étaienl  
 contentés  de  ramasser  la  flèche  meurtrière  qu’ils  
 m’avaieni,  apportée  et  que j ’ai  conservée. 
 D ’après  ce  récit,  il  me  parut  vraisemblable  que  
 c’était  aux Arfakis  seuls,  habitans  des  montagnes  el  
 ennemis  jurés  des  Papous,  que  nous  devions  attribuer  
 cet  outrage.  Les  cris  des  enfans  en  quittant  le  
 navire,  et  la  conduite  constamment amicale  des Papous, 
   donnaient un nouveau poids  à cette opinion. 
 Toutefois, pour ne négliger aucune des précautions  
 nécessaires  en pareille  circonstance,  et pour protégei'  
 le  retour de nos  chasseurs,  j ’expédiai  le grand  canot  
 bien  armé  vers  le  village  de  Doreï,  sous  les  ordres  
 de MM.  Gressien  et  Paris.  Je  leur donnai  l’ordre  de  
 se  tenir  à bonne  portée du village,  et d’observer avec  
 soin  les mouvemens  des  naturels ;  si  ces mouvemens  
 étaient  évidemment hostiles,  ils devaient revenir  sur-  
 le-champ  à  bord  ;  sinon  ,  leur  consigne  était  de  ne  
 faire  eux-mêmes  aucune  démarche  suspecte  ni  imprudente  
 ,  et  d’attendre  paisiblement  le  retour  des  
 chasseurs  pour  les  ramener à bord.  Au cas  où  les  nalarels  
 eussent  agi  h o s t ilem en t,  j’étais  décidé  à  con-  
 duire  immédiatement la  corvette pi'cs  de leur village,  
 pour  le  détruire  de  fond  en  comble;  un  châtiment  
 prompt  et  sévère  pouvant  seul  arrêter  ces  insulaires 
 dans  le  cours  de  leurs  attentats. 
 Mais  vingt  minutes  après  le départ du canot,  Audibert, 
   Imbert,  Rey et Jean, qui s’étaient peu éloignes  
 du  navire,  parurent  successivement  sur  la  plage  de  
 Ninou-Kamoudi.  Chacun  d’eux  était  accompagne  de  
 Papous  qui  avaient  continué  de  se  montrer  a  leur  
 égard  dans  les mêmes  sentimens  de  bienveillance  et  
 cTamitié;  ce  qui me  tranquillisa déjà beaucoup  sur  le 
 sort des  autres  personnes.  . 
 Bientôt M.  Bertrand arriva  tout  tremblant  dettroi  
 dans  une  petite pirogue  conduite  par  le  capitan Ou-  
 kema,  le  seul  Papou qui dans  celte alerte eut  ose  sc  
 hasarder  à venir  à  bord.  L ’honnête  capitan  se  trouvait  
 à  la  pêche;  au  bruit  du  canon  et  au  son  des  
 conques  qui résonnaient parmi les  sauvages,  il  s était  
 rapproché  des  villages,  avait pris M.  Bertrand  dans  
 sa ph-ogue et avait eu la complaisance de  le ramener  a  
 bord.  Celui-ci  avait  vu  tous  les  habitans  des  deux  
 villages  prêts  à  prendre  la  fuite  dans  les  bois;  les  
 homnies  étaient  armés  de  toutes  pièces  ,  es  emmcs  
 et  les  enfans  étaient  chargés  des  ustensiles  les  p ly   
 nécessaires.  Ces  malheureux  semblaient  redouter  a  
 la  fois  l’irruption  des  Arfakis  cl  la  vengeance  des 
 Euiopécns.  -  pi  demie  le  grand  canot i>i. cxv. 
 Enfin,  vers  onze  lieurcs  cl  tienne,  le  gia» 
 fut de retour à bord,  rainenaiil sains  ct  sanls  les  trois