1S27. Apres avoir repris leurs sens, Quernener et Vigneau
sopiembrc, racontèrent qu’étant tous les deux occupés à puiser de
l’eau avec Bellanger, ils avaient tout-à-coup vu tomber
celui-ci percé par la üèche. Au même instant,
deux sauvages s’étaient précipités au milieu d’eux
pour se saisir d’un seau qu’ils avaient à la main. Nos
hommes s’étaient enfuis en toute hâte vers la chaloupe,
et de leur côté les sauvages avaient disparu à
travers la foret. Les hommes que j ’avais envoyés dans
le grand canot n’avaient pu rien découvrir, et s’étaienl
contentés de ramasser la flèche meurtrière qu’ils
m’avaieni, apportée et que j ’ai conservée.
D ’après ce récit, il me parut vraisemblable que
c’était aux Arfakis seuls, habitans des montagnes el
ennemis jurés des Papous, que nous devions attribuer
cet outrage. Les cris des enfans en quittant le
navire, et la conduite constamment amicale des Papous,
donnaient un nouveau poids à cette opinion.
Toutefois, pour ne négliger aucune des précautions
nécessaires en pareille circonstance, et pour protégei'
le retour de nos chasseurs, j ’expédiai le grand canot
bien armé vers le village de Doreï, sous les ordres
de MM. Gressien et Paris. Je leur donnai l’ordre de
se tenir à bonne portée du village, et d’observer avec
soin les mouvemens des naturels ; si ces mouvemens
étaient évidemment hostiles, ils devaient revenir sur-
le-champ à bord ; sinon , leur consigne était de ne
faire eux-mêmes aucune démarche suspecte ni imprudente
, et d’attendre paisiblement le retour des
chasseurs pour les ramener à bord. Au cas où les nalarels
eussent agi h o s t ilem en t, j’étais décidé à con-
duire immédiatement la corvette pi'cs de leur village,
pour le détruire de fond en comble; un châtiment
prompt et sévère pouvant seul arrêter ces insulaires
dans le cours de leurs attentats.
Mais vingt minutes après le départ du canot, Audibert,
Imbert, Rey et Jean, qui s’étaient peu éloignes
du navire, parurent successivement sur la plage de
Ninou-Kamoudi. Chacun d’eux était accompagne de
Papous qui avaient continué de se montrer a leur
égard dans les mêmes sentimens de bienveillance et
cTamitié; ce qui me tranquillisa déjà beaucoup sur le
sort des autres personnes. .
Bientôt M. Bertrand arriva tout tremblant dettroi
dans une petite pirogue conduite par le capitan Ou-
kema, le seul Papou qui dans celte alerte eut ose sc
hasarder à venir à bord. L ’honnête capitan se trouvait
à la pêche; au bruit du canon et au son des
conques qui résonnaient parmi les sauvages, il s était
rapproché des villages, avait pris M. Bertrand dans
sa ph-ogue et avait eu la complaisance de le ramener a
bord. Celui-ci avait vu tous les habitans des deux
villages prêts à prendre la fuite dans les bois; les
homnies étaient armés de toutes pièces , es emmcs
et les enfans étaient chargés des ustensiles les p ly
nécessaires. Ces malheureux semblaient redouter a
la fois l’irruption des Arfakis cl la vengeance des
Euiopécns. - pi demie le grand canot i>i. cxv.
Enfin, vers onze lieurcs cl tienne, le gia»
fut de retour à bord, rainenaiil sains ct sanls les trois