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 plaie-forme  n’a  pas  moins  de  quarante-un  pieds  de  
 long  sur  dix-huit  de  large.  Cette  plate-forme  offre  
 une espèce de  faux  pont  où  cinquante à soixante personnes  
 pourraient  facilement  se  tenir ; je pense qu’au  
 besoin  une  pareille  embarcation  pourrait  porter  jus-  
 qii a  deux  cents  hommes.  La  seconde  pirogue  est  
 plus  longue  que fautre  d’un  pied. 
 Du  reste,  toutes  les  deux  sont  en  mauvais  état;  
 le bois en est même pourri en  certains endroits.  Pourtant  
 Read m’assura qu’elles  avaient  encore,  six  mois  
 auparavant, jouté avec les meilleures pirogues de l’ile,  
 et  les avaient toutes  battues pour  la marche. 
 Par de jolis  sentiers qui traversaient  diverses plantations  
 d’un  aspect  agréable,  Read  me conduisit à la  
 chapelle élevée et desservie  par les naturels  de Taïti,  
 venus comme  missionnaires  à Tonga-Tabou.  Ce petit  
 édifice,  situé  dans  une position  riante ,  est  construit  
 sur le même  plan que ceux  que j ’avais vus  à  Taïti,  et  
 entouré  d’une clôture  bien  tenue.  Il a cinquante-cinq  
 pieds  de  long  sur  vingt-deux  de  large  ;  l’intérieur  
 est  occupé  par  de  nombreuses  banquettes  pour  les  
 auditeurs,  et  une  chaire  isolée  pour  le  prédicateur.  
 Les  trois  individus  qui remplissent  tour à  tour  celte  
 dernière fonction,  sont troisTaïtiens, nommés Tafela,  
 du canton de  Papara,  Hape  de  Faha,  et  une  femme  
 nommée T a ï,  que  Langui  a épousée.  Tafeta  et Hape  
 vinrent me  recevoir  à  la  chapelle,  et nous  causâmes  
 quelque temps ensemble de Taïti  et des missionnaires.  
 J’appris  qu’d  y  avait  un  an  qu’ils  s’étaient  établis  à  
 Tonga-Tabou  :  leur intention  était primitivement d’allei 
  instruire  les  habitans  des  iles  Fidgi,  mais  ils  lurent  
 retenus par les  instances de Toubo,  qui leur manifesta  
 le  vil désir d’adopter,  ainsi que  son  peuple,  la  
 religion  chrétienne.  Soixante  années  à peine  se  sont  
 écoulées depuis  que  le  nom  de Taïti  fut  pour  la première  
 fois connu des  Européens ;  il  n’y a pas  pins  de  
 quinze  ans  que  ses  habitans  ont  renoncé  à leurs  anciennes  
 superstitions  ,  el  déjà  cette  ile  envoie  des  
 missionnaires  pour  convertir  les  habitans  des  arï!lii-  
 pels qui sont éloignés de plusieurs centaines de lieues.  
 De simples  sauvages  vont  prêcher  l’Évangile  à  d’autres  
 sauvages,  et  renverser  un  culte  et  des  dogmes  
 religieux  consacrés  par  plusieurs  siècles  d’existence  
 !... 
 En  quittant  la  chapelle ,  j’entendis  Read  qui  appelait  
 Ritchett,  et  celui-ci  lui  répondit  de  loin,  sans  
 paraître. Alors je  sus  positivement  que  Toubo  ,  instruit  
 du projet qu’avait  formé cet Anglais de partir sur  
 notre navire,  l ’avait  consigné  chez  lui  et l’empêchait  
 de communiquer avec nous.  Cela ne me surprit point,  
 car  les  chefs  de Tonga  tiennent beaucoup à conserver  
 les Européens qui se  sont  établis  près d’eux. 
 J’allais me diriger sur  Mafanga,  quand on  vint me  
 prévenir que Ohila demandait  à me voir.  Comme cela  
 ne me dérangeait guère de mon  chemin,  je me rendis  
 au désir  de  ce  chef qui  habitait  une  petite  case  fort  
 propre. Ohila  était  obligé  de  se  tenir  couché  à cause  
 de sa jambe qui était  très-malade,  et le  faisait  cruellement  
 souffrir.  Près  de  lui  se  trouvait  Houla-Kaï  et  
 les  autres membres de sa  famille.  Ohila me recul  fort 
 1827. 
 M a i.