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Read lui avait été fort utile dans cette difficile navigation.
Après le déjeuner de l’équipage, la mer s’étant un
peu apaisée, le grand canot a été employé à draguer
les ancres à jet. Mais le fond était trop considérable
et trop mauvais ; la chatte s’engageait à chaque instant
dans les coraux, d’ailleurs les grelins avaient été
coupés trop près des ancres, et celles-ci n’avaient
point d’orin. Ce sont donc des ancres perdues sans
retour. On a été plus heureux pour l’ancre de poste
dont le câble avait été aussi coupé, on a rattrapé le
bout de son câble ; une aussière a été frappée dessus
et raidie au cabestan.
La chaloupe a tenté de déraper l’ancre bâtarde que
je tenais beaucoup à sauver, au défaut d’ancre à jet.
Mais les efforts les plus violens de cette embarcation
ont été mutiles; en conséquence, je Fai envoyée sur
l’ancre qui n’a plus qu’une seule patte, et qu’elle a
enfin dérapée avec beaucoup de peine. Cette ancre a
été ramenée à bord, et la petite chaine s’est trouvée
par conséquent sauvée.
Cette opération terminée, et elle a duré jusqu’au
soir, nous sommes restés pour la nuit sur notre grosse
chaine devant et noire câble coupé, et derrière sur
notre petit câble. Ces deux derniers ont été raidis,
ce qui nous a éloignés de vingt brasses du récif.
Nous avons en outre au bossoir la seule ancre entière
qui nous reste avec soixante brasses de chaîne,
prête à mouiller, en cas de nécessité. Il est facile
de voir que depuis trois jours nous ne nous sommes
pas encore vus dans une situation aussi prospère.
Aussi, pour la première fois depuis notre échouage,
je dine assez gaiement avec MM. les officiers et
M. Thomas qui est revenu nous voir. La nuit aussi
est plus belle que jamais, et je repose près de deux
heures d’un assez bon sommeil.
Les naturels ne nous laissent manquer de rien, et
l’abondance qui règne à bord, en fruits , racines, cochons
et volailles, est vraiment inconcevable. L ’équipage
s’en donne à coeur joie, et songe à peine aux dangers
que nous courons encore.
Au point du jour, le vent a varié à FE. Nous avons
sur-le-champ viré sur le câble coupé pour nous mettre
à pic de son ancre; ensuite les canots et la chaloupe
ont travaillé inutilement et durant plus de deux
heures à draguer les ancres à jet. Par le mouvement
que nous venions d’opérer sut; l’ancre de bâbord, celle
de la chaîne à tribord s’est trouvée dérapée, et nous
l’avons levée sur-le-champ, ainsi que les quarante-
deux brasses de chaîne qui se irouvaient dessus;
c’était précisément la profondeur de l’eau en cet endroit,
à moins de vingt brasses du récif.
Immédiatement après le déjeuner de l’équipage,
la brise, quoique très-faible et à peine sensible, a varié
à FE. N. E. Le grand canot et la baleinière ont pris la
touline devant; la misaine, le petit hunier et le Foc
ont été bordés de manière à recevoir par tribord le
peu de vent qui se faisait sentir. Enfin, à onze heures
précises du matin, le câble de devant et le petit câble
de derrière ont été filés en laissant des bouées dessus
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