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 094 NOTES. 
 les plus  apparcns  de  la   tro u p e ,  M .  D u d em a in e ,  le  patron ,  un  
 tim on n ie re t moi. Je  trou v a i cette  espèce  d’ordre a.ssezsingulier,  
 ct je   fis  demander  à  ce  qu ’un  ch e f  restât  dans  le  eanot  pendant  
 n o tre  absence. 
 Après  quelques  paroles  é chan g é e s ,  il  se présenta  p o u r   étage  
 un  in d iv id u   que  le  p ilo te  affirma  être  un  ch e f;  mais  en  même  
 temps  l’E s p a g n o l,  me  tirant  v ivem en t  p a r   l ’h a b it ,  me  dit  que  
 c ’éta it un  homme  du  p euple. 
 Incertain  de  ce  que  je  devais  f a i r e ,  j ’alla is   laisser  le  commandement  
 du  cano t  à  M .  Dudemaine  et a lle r   voir moi-même  
 où   était  1 a n c r e ,  lo r sq u e ,  p a r   un  mouvement  sp o n ta n é ,  une  
 trentaine d’enfans  qui  étaient dans  la  foule se  sauvèrent à  toutes  
 jam b e s ,  plusieurs  grimp èrent  sur  les  arbres  les  plus  près  du  
 rivage  :  en  même  tem p s ,  tous  les  naturels  se  rapp ro chèrent  de  
 1  em b a r ca tio n ,  e t  le  p ilo te   se  ca ch a   sous  les  bancs  du  c a n o t ,  
 sans  p o u v o ir   ou  sans  v o u lo ir   nous  donner  la  signification  de  
 to u t  cela. 
 P o u r   m o i ,  j ’y   vis  évidemment  des  intentions  hostile s ;  c t  
 faisant  lâ ch e r   de  force  les  natifs  qui  retenaient  le   can o t p ar les  
 fa r g u e s ,  on  b â la  à  pic  du  g rap in . 
 Nous  étions  trop  p eu   nombreux   p ou r   alle r   prendre  l’ancre  
 malgré  les  n a t if s ,  si e lle   existait ;  il  au rait  fa l lu ,  en  supposant  
 q u e l le   fût  sous  les  premiers  co c o t ie r s ,  la  p o r te r   à bras  l ’espace  
 de  trois  cents  to ises ,  miirchant  sur  la   vase.  Nous  bordâmes  les  
 v o ile s ,  et  avec  les avirons  sortîmes  du  p o r t  à  la  bordée. 
 E n   vo y an t  no tre  dépai-t,  les  insulaires  se  m iren t  à  p a r le r   
 chaudement  et  à  c r ie r .  L e   p ilo te   ne  consentit  à  so r tir   de  dessous  
 les  bancs  que  lo rsque  nous  fûmes  en  dehors  de  la  passe;  
 alors  il  v in t  prendre  sa  place  d e r r iè r e ,  mais  ne  p u t nous donn 
 e r  une  explica tion   c la ir e ,  pas  même  de  la   cause  qui  l’avait  
 fait  se  ca ch e r . 
 U n e   p iro gu e   nous  su iv it  à  quelque  d is tan ce ,  les  natifs montèrent  
 a  bord  de  la  co rvette  après  quelques  hésitations;  il  y   
 a v a it  parmi  eux  deux  ch e fs ,  qui  s’annoncèrent de  suite  comme  
 tels.  Ils   étaient  tous  deux  à  te r r e ,  près  du  ca n o t,  lorsque  je 
 NOTES. t)9ô 
 demandai  un  ch e f  çn  otage  et  q u ’iin  homme  du  p euple   fut  
 présenté- 
 L e u r   confiance  à  venir  à  b o rd   semble  prouv er  qu’à  terre  
 leurs  intentions n’ étaient p a sb o s tile s ;  je  suis  p orté   à  croire   que  
 les  difficultés  v ena ien t  du  p i lo t e ,  q u i  v o u la it  s’ap p rop rie r  
 Tancre  et  nous  la  faire  enlever  aux  véritables  propriétaires  
 p o u r   en  re c e v o ir   seul  le   p rix. 
 Q u an t  au  p o r t ,   nous  n ’avons  pas  sondé  :  je  pense  q u ’un  
 n av ire   comme  VAstrolabe  p o u r ra it  y   entre r  avec  beau  temps,  
 s’i l   en  a v a it  un  besoin  u rg en t.  U n   c o u p -d ’oeil  sur  le   croqu is   
 mettra  plus   au  fait  que  ce  que j ’en  pourrais  dire. 
 [E x t r a i t  du  J o u rn a l  de M .  L o ttin .) 
 P A G E   443. 
 Puis nous continuâmes notre  route au nord. 
 L e   7  ju in   ,  à  14   lieues  dans  le   N.  0 . ,   nous  vîmes  ou p lutôt  
 découvrîmes Tîle  basse de V a to u lê lé .  E l le   n’est  p o in t marquée  
 sur  la   ca rte.  S o n   étendue  est d’environ  six  lieues  ;  elle   est  bien   
 b oisée e t habitée.  L e s   insulaires  éta ien t  en  assez  g ran d  nombre  
 sur  le   rivage.  L e   commandant v o u la it bien  y  en vo y e r un  can o t,  
 mais  une  brise  des  plus  fortes  contraria  ses  désirs  et  les  nôtres.  
 N o u s   en  eûmes  d’autan t plus  de  regrets,  que  le   lendemain  on  
 nous  dit  que c e t homme  b lan c  p ou v a it b ien   être  un Américain   
 naufragé  depuis  v in g t  ans.  Cependant  ces  insulaires do iven t  
 av o ir   des  p iro g u e s ,  q u o iq u e   nous  n’en  ayons  pas  vu  ;  e t  es t-il  
 supposable  que  ce  malheureux  n’au rait  fait  aucune  tentative  
 p o u r  nous joindre ? 
 {E x tra it du  Journal de M .  Quoy.)