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 trois mois. 
 Quant  aux  fractures et  aux dislocations  des  membres  
 ,  il n’y a presque personne qui ne sache  ce  qu’il y  
 a  à  faire  en  pareil  cas.  Mais,  pour  les fractures  du  
 crâne,  ils  laissent  agir  la  nature,  et  on  a  lieu  d’admirer  
 ce  qu’ils  peuvent  endurer  en  ce  genre sans en  
 éprouver de suites  funestes. 
 Pour  les  entorses ,  la partie malade est frottée avec  
 un  mélange  d’huile  et  d’e au,  en  ayant  soin  que  les  
 frictions aient toujours  lieu dans un même sens,  c’est-  
 à-dire  en  allant des  plus  petites  aux plus grandes  ramifications  
 des  vaisseaux.  La  simple  friction  avec  les  
 mains  est  souvent employée  pour  dissiper  la  fatigue  
 et certaines douleurs peu  opiniâtres. Plusieurs  chefs ,  
 pour s’endormir,  se  font appliquer,  sur tout  le corps,  
 de  légers  coups  de  poing  par  leurs  femmes  ou  parleurs  
 suivantes ; opération qu’ils  nomment,  dit Cook,  
 tougui-tougui,  et  qui  correspond  à  celle  que  nous  
 appelons  masser  en  Lurope,  et  qui  se  pratique fréquemment  
 dans  l’Orient.  Cook  lui-mème  en  éprouva  
 les heureux effets. 
 Contre  les inflammations  des y eu x ,  qui  sont quelquefois  
 très-vives  et  suivies  d’un  écoulement  purulent  
 abondant,  ils ont  recours à des  scarifications  sur-  
 la  tunique  extérieure  qu’ils  opèrent  par  l’application  
 d’une certaine plante hérissée d’aiguillons très-déliés.  
 Ils  se  frottent aussi les  yeux  tantôt  avec  le  suc  acide  
 à n v i,  spondias,  tantôt  avec  le  jus  amer  du  haulo.  
 Quoique  fréquente  et  incommode,  cette maladie,  dit 
 Mariner,  n’entraîne  jamais  la  perte  complète  de  la  
 vue. 
 Dans  les  blessures  d’armes  à feu ,  ils  ont  soin  de  
 laisser la plaie ouverte, non-seulement  pour  l’extraction  
 de la balle ,  si  elle  est  restée ,. mais  encore pour  
 convertir  une  plaie  fistuleuse  en  une  plaie  vive,  
 plus  prompte  et  plus  facile  à  guérir.  Ces  insulaires  
 font  toujours  leurs  incisions  presque  dans  la  direction  
 des  muscles,  ou  du  moins  parallèlement  aux  
 membres. 
 L ’amputation  d’un membre est  une  opération  très-  
 rare.  Toutefois  elle  eut au  moins  lieu  sur  les  douze  
 serviteurs  que  Tougou-Aho  soumit  à  cette  cruelle  
 mutilation. Comme le toatou-nima, elle s’exécuta avec  
 une grande et pesante hache  sur  laquelle on appliqua  
 un  coup  très-violent. Des  douze  malheureux  qui  la  
 subirent,  dix  réchappèrent,  et  deux  seulement  en  
 moururent,  l’un  par  l’effet  de  l’hémorragie,  l’autre  
 par la  gangrène,  qui en  furent  les  suites. Mariner vit  
 aussi un homme qui avait perdu une jambe pour avoir  
 été mordu  par  un  requin.  Le membre n’avait pas  été  
 complètement amputé, mais il avait  été déchiré  à cinq  
 pouces au-dessous  du genou  de  manière  à  laisser  les  
 os presque à nu,  et le pied  était horriblement mutilé.  
 Le  malheureux  eut  lui-même le  courage  de  scier les  
 deux  os  avec une  coquille,  en recommençant  chaque  
 jour sa besogne jusqu’à ce qu’il l’eût presque terminée;  
 puis il  l’acheva d’un  seul coup  de  pierre !...  Du  reste  
 sa blessure ne  se guérit jamais  parfaitement. 
 Quant  aux tristes maladies qu’ils  nomment kahi et 
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