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 1827. 
 Août. 
 ment qui  paraît  rare et  très-recherché  de ces  insulaires. 
   Comme tous  les hommes de l’équipage,  sans  exception  
 ,  se portaient  bien ,  je ne vis  point d’inconvénient  
 à ce qu’ils fussent réduits à leur ration ordinaire.  
 J’étais  celui  dont  la  santé  était la plus précaire,  et je  
 pris moi-même mon parti de bonne  grâce. 
 M.  Guilbert  s’était  dirigé  aujourd’hui,  avec  quelques  
 autres  officiers  ,  vers  les  cabanes  des  Arfakis,  
 au-dessus  de Raoudi,  et il a tué un oiseau de paradis  
 mâle et deux femelles. 
 Ces  messieurs  ont  assuré  que  ces  oiseaux  étaient  
 plus  fréquens  et  plus  faciles  à  approcher dans  cette  
 partie du hâvre. 
 La matinée a été belle, et il est tombé plusieurs grains  
 dans  l’après-midi. J’ai gardé  le bord toute la journée,  
 et je me suis souvent  amusé à considérer l’activité que  
 déployaient les naturels  dans  leurs marchés.  Ils  continuent  
 d’apporter  du  poisson,  du  tabac  et  des  coquilles. 
   Les  premiers jours  ils  nous  avaient  aussi  offert  
 de  l’écorce  de  massoï;  mais,  voyant  que  cette  
 denrée n’avait pas cours parmi nous, ils l’ont laissée de  
 côté. 
 A  sept  heures  du  matin,  désirant  étendre  mes  
 courses  plus  avant  dans  l’intérieur,  accompagné  de  
 Lauvergne et de Jean, je descendis en  canot au grand  
 village de Doreï. 
 Quatre jeunes Papous,  à  qui j ’avais  promis  en récompense  
 quelques  bagatelles,  devaient me  conduire  
 aux lieux que fréquentaient  les oiseaux de paradis. 
 Après  avoir  marché  durant  dix  minutes  dans  une 
 agréable vallée  qui  borde  le  rivage,  on  arrive  à  une  
 côte  d’une  pente  assez  rapide,  mais  médiocrement  
 élevée  et  généralement  couverte  de  très-grands  arbres. 
   Les  pluies  avaient  rendu le sentier  très-glissant  
 et difficile  à pratiquer.  Quand  on  a gravi  à la hauteur  
 de  cent  toises environ,  l ’on  se  trouve  sur  une  espèce  
 de plateau  habité el cultivé  par  une  tribu  d’Arfakis,  
 amie  des  Papous  de  la plage.  Toutefois  une  défiance  
 réciproque  règne  toujours  entre  ces deux peuplades.  
 Lors  du  voyage  de  la  Coquille,  quand  je  découvris  
 pour la première  fois  la résidence  de  cette  tribu,  les  
 Papous  de  la plage employèrent tous les moyens possibles  
 pour  m’empêcher  d’avoir  aucune  communication  
 avec  ces  montagnards,  tantôt  m’affirmant  qu’ils  
 allaient me  tuer et me couper la  tête,  tantôt  en disant  
 que c’étaient  des  imbéciles  semblables aux  animaux,  
 incapables  d’entendre  mon  langage  non  plus  que  le  
 leur,  el  qui  ne méritaient  que  mon  mépris.  Il  était  
 évident  que  ces Papous  désiraient  conserver  le  monopole  
 du  commerce,  et  paraissaient  très-contrariés  
 de voir les Arfakis participer aux avantages qu’ils retiraient  
 de leurs  relations avec nous. 
 A  cette  époque  la tribu  tout  entière  des  Arfakis,  
 qui me parut composée  d’environ cent cinquante  personnes  
 ,  habitait  deux  immenses  cabanes  en  bois,  
 perchées sur des pieux de  trente ou quarante pieds de  
 hauteur,  et  dans  lesquelles  on montait par  une  pièce  
 de bois entaillée. Cette pièce de bois  se retirait durant  
 la nuit et  aux approches de  l’ennemi.  Chaque  famille  
 avait  une  cellule  particulière,  et  chacune  des  caba- 
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