1827,
Juin.
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connaissance d’ancnne autre terre au S. O. et à l’O. de
Viti-Levou, ni de Tanna, ni de Koromango, etc. ; ils
pensent seulement que c’est de ce côté que les Papa-
lings s’en retournent chez eux. Ils ont vu très-peu
d’Européens ; cependant l ’année précédente un navire
à un mât, peut-être le cutter le Beveridge, passa
près de leur côte et communiqua avec eux ; quelque
temps auparavant ils avaient vu passer au large nn
navire à trois mâts. Le naufrage de TEliza était présent
à leur mémoire, mais ils n’avaient connaissance
d’aucun autre événement du même genre.
Ounong-Lebou et ses compatriotes firent beaucoup
d’instances pour me déterminer à aller mouiller
près de leur village, en me promettant quantité de
cochons, d’ignames, de cocos, e t c ., surtout des
femmes par des gestes non équivoques. .le ne fus
point tenté de céder à leurs supplications. Leur côte,
entièrement exposée aux vents depuis le S. E. jusqu’au
S. O . , ne pouvait m’offrir aucune sécurité, et
j ’aimai mieux tenir la mer. Surpris par le calme , le
navire resta stationnaire à deux on trois milles de la
côte, ce qui rendit nos communications avec les habitans
beaucoup plus longues que je ne m’y attendais.
On nous désigna sous le nom de Toumba-Nivouai, la
partie de la côte devant laquelle nous nous trouvions ;
à peu de distance à l’est coulait une rivière nommée
Avouai-Neroka, et un peu dans l’ouest était le
village de Cossila.
Vers une heure après-midi, une pirogue montée
par plus de trente sauvages arriva à la pagaie, et apportait
un cochon d’une belle grosseur, que je fis
acheter pour l’équipage moyennant un kilogramme
de poudre. Il serait impossible de décrire le plaisir,
le ravissement que ce marché causa aux naturels ;
sur-le-champ ils repartirent pour terre en promettant
d’apporter d’autres cochons. La passion funeste des
armes à ièu et de la poudre paraît avoir fait le tour
du globe; ce dernier objet est devenu la véritable
monnaie des sauvages de la Polynésie. Ne dirait-on
pas qu’après la nécessité de manger et de dormir, le
besoin le plus impérieux de l’espèce humaine soit
presque en tous lieux de s’entre-détruire?...
Nos hôtes ne se faisaient aucun scrupule de confesser
qu’ils étaient anthropophages, et témoignaient
qu’ils dévoreraient avec beaucoup de plaisir le corps
de Tomboua-Nakoro qui était leur ennemi. Je ne me
lassais point d’admirer la force, la vigueur et la haute
stature de ces insulaires. L ’un des nouveaux arrivés
avait cinq pieds dix pouces et demi de haut, et son
corps était bâti à proportion de cette taille. En général
, pour la stature et la corpulence, ces naturels
étaient bien supérieurs aux Français de T Astrolabe.
Quoiqu’ils se soient trouvés quelquefois au nombre
de vingt ou trente à bord de la corvette, ils se
sont toujours comportés avec réserve, décence el
bonne foi. Nous n’avons pas eu la moindre plainte
à porter contre leur défaut de probité, et ils n’ont
pas une seule fois témoigné le désir d’obtenir quoi
que ce fût par fraude, ni même par importunité.
Une légère brise de S. E. el S. S. E. s’étant élevée
1827.
Juin.
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