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 Juin. 
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 connaissance d’ancnne autre terre au S. O. et à l’O. de  
 Viti-Levou,  ni de Tanna,  ni  de Koromango,  etc. ;  ils  
 pensent seulement que  c’est  de ce  côté que  les Papa-  
 lings  s’en  retournent  chez  eux.  Ils  ont  vu  très-peu  
 d’Européens ;  cependant l ’année précédente un navire  
 à  un  mât,  peut-être  le  cutter  le  Beveridge,  passa  
 près  de  leur  côte  et  communiqua  avec  eux ;  quelque  
 temps  auparavant  ils  avaient vu  passer  au  large  nn  
 navire  à trois  mâts.  Le naufrage  de TEliza  était  présent  
 à leur mémoire,  mais  ils  n’avaient  connaissance  
 d’aucun autre événement du même  genre. 
 Ounong-Lebou  et  ses  compatriotes  firent  beaucoup  
 d’instances  pour me  déterminer à aller mouiller  
 près  de  leur  village,  en  me  promettant  quantité  de  
 cochons,  d’ignames,  de  cocos,  e t c .,  surtout  des  
 femmes  par  des  gestes  non  équivoques.  .le  ne  fus  
 point tenté  de céder  à leurs supplications.  Leur côte,  
 entièrement  exposée  aux vents  depuis  le  S.  E.  jusqu’au  
 S. O . ,  ne pouvait  m’offrir  aucune  sécurité,  et  
 j ’aimai  mieux  tenir  la mer.  Surpris  par  le  calme ,  le  
 navire  resta stationnaire  à  deux  on  trois  milles de la  
 côte,  ce  qui rendit  nos communications  avec  les  habitans  
 beaucoup plus longues  que je ne m’y attendais.  
 On nous désigna  sous  le nom de  Toumba-Nivouai,  la  
 partie de la côte devant laquelle nous nous  trouvions ;  
 à  peu  de  distance  à  l’est  coulait  une  rivière  nommée  
 Avouai-Neroka,  et  un  peu  dans  l’ouest  était  le  
 village de Cossila. 
 Vers  une  heure  après-midi,  une  pirogue  montée  
 par plus  de trente  sauvages  arriva  à la  pagaie,  et apportait  
 un  cochon  d’une  belle  grosseur,  que  je  fis  
 acheter  pour  l’équipage  moyennant  un  kilogramme  
 de  poudre.  Il  serait  impossible  de  décrire  le  plaisir,  
 le  ravissement  que  ce  marché  causa  aux  naturels  ;  
 sur-le-champ ils  repartirent  pour  terre  en promettant  
 d’apporter  d’autres  cochons.  La  passion  funeste  des  
 armes  à  ièu  et de  la  poudre  paraît  avoir  fait  le  tour  
 du  globe;  ce  dernier  objet  est  devenu  la  véritable  
 monnaie  des  sauvages  de  la  Polynésie.  Ne  dirait-on  
 pas  qu’après  la nécessité de manger  et  de  dormir,  le  
 besoin  le  plus  impérieux  de  l’espèce  humaine  soit  
 presque en  tous  lieux  de s’entre-détruire?... 
 Nos  hôtes  ne  se  faisaient  aucun  scrupule  de  confesser  
 qu’ils étaient  anthropophages,  et  témoignaient  
 qu’ils dévoreraient  avec  beaucoup de plaisir  le  corps  
 de Tomboua-Nakoro qui  était  leur  ennemi. Je  ne me  
 lassais  point d’admirer la force,  la vigueur et la haute  
 stature  de  ces  insulaires.  L ’un  des nouveaux  arrivés  
 avait  cinq pieds  dix  pouces  et  demi  de haut,  et  son  
 corps  était  bâti  à  proportion  de  cette  taille.  En  général  
 ,  pour  la  stature  et  la corpulence,  ces  naturels  
 étaient  bien  supérieurs  aux  Français  de  T Astrolabe.  
 Quoiqu’ils  se  soient  trouvés  quelquefois  au  nombre  
 de  vingt  ou  trente  à  bord  de  la  corvette,  ils  se  
 sont  toujours  comportés  avec  réserve,  décence  el  
 bonne  foi.  Nous  n’avons  pas  eu  la  moindre  plainte  
 à  porter  contre  leur  défaut  de  probité,  et  ils  n’ont  
 pas  une  seule  fois  témoigné  le  désir  d’obtenir  quoi  
 que ce  fût par  fraude,  ni même par  importunité. 
 Une légère brise de S.  E.  el S.  S.  E.  s’étant  élevée 
 1827. 
 Juin. 
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