à un rocher au fond de la mer. En retirant sa ligne ,
le dieu amena à la surface des eaux toutes les iles
Tonga qui n’eussent formé qu’une seule te rre, si la
ligne n’eût pas rompu, ce qui fut cause que cette terre
se divisa en plusieurs fragmens isolés , comme elle
l’est aujourd’hui. Les naturels montrent dans un
i-ocher un trou de deux pieds de diamètre environ,
qui le traverse en entier et où l’hameçon de Tangaloa
resta fixé. Qui plus e s t, assurait-on, le touï-
tonga avait naguère en sa possession cet hameçon
même qui lui avait été transmis de père en fils par ses
aïeux ; mais le feu ayant pris à sa maison, la corbeille
qui contenait l’hameçon fut dévorée par les
flammes. Mariner ayant un jour demandé au touï-
tonga quelle était sa forme , celui-ci répondit qu’il
ressemblait parfaitement à ceux avec lesquels on
pêche les bonites, qu’il avait six ou sept pouces de
long et un pouce et demi de distance du bec à la tige.
Il était du reste en écaille de tortue fortifiée par un
morceau d’os de baleine. Les terres de Tonga , une
fois amenées au-dessus des eaux, furent, par l’influence
divine , couvertes de plantes , d’arbres , et
d animaux semblables à ceux du B o l o t o u , mais de
qualité inférieure et d’une nature périssable. Tangaloa,
désirant ensuite que Tonga fût aussi habité par
des êtres intelligens, dit à ses deux fils ; « Allez, emmenez
vos femmes et demeurez à Tonga ; divisez la
terre en deux et habitez chacun sur votre portion. »
Ce qui fut exécuté. L ’ainé se nommait T o u b o , et le
plus jeune V a k a - A k o u - O a l i . Celui-ci était doué
d’une grande sagesse, et ce fut lui qui inventa le
premier les haches , les colliers , les étoffes et les
miroirs. Toubo montrait un caractère tout différent,
car il était paresseux , ne faisait que courir çà
et là ou dormir, et convoitait ardemment les beaux
ouvrages de son frère. Pour s’en rendre maître, il
résolut de tuer par trahison Faka-Akon-Ouli; un
jour qu’il le rencontra à la promenade, il le frappa
jusqu’à ce qu’il fût mort. Alors leur père descendit
du Bolotou dans une violente colère , el demanda à
Toubo ; « Pourquoi avez-vous tué votre frère? Ne
pouviez-vous pas travailler comme lui ? O méchant
que vous êtes !... allez-vous en ! allez porter mes
ordres aux membres de la famille de Vaka-Akou-
Ouli, dites-leur de venir ici? » Cela fait, Tangaloa
leur dit sur-le-champ : « Mettez vos pirogues à la
mer, faites route vers l’Est, vers la grande terre qui
s’y trouve, et fixez-y votre séjour. La couleur de
votre peau sera blanche comme vos coeurs, car vos
coeurs sont purs ; vous serez sages, vous ferez des
haches, vous posséderez de grandes pirogues et toutes
sortes de richesses. J’irai moi-même commander au
vent de souffler constamment de votre terre vers
Tonga; mais ceux-là (en parlant du peuple de Tonga)
ne seront pas capables de se rendre chez vous avec
leurs mauvaises pirogues. »
Puis Tangaloa parla ainsi aux membres de la famille
Toubo : « Vous serez noirs , parce que vos
coeurs sont méchans, et vous serez misérables ; vous
n’aurez point le talent de fabriquer des choses utiles.