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ne discontinua plus jusqu’à minuit. Pendant tout ce
temps le vent souffla de TE. N. E. avec violence, el
la houle était très-creuse. Nous fîmes en sorte de nous
maintenir en place en courant de petites bordées.
Je m’étonne de plus en plus de rencontrer des
temps aussi affreux et de pareils vents dans ces parages.
Sans doute le voisinage des terres occasioné ce
dérangement singulier dans l’atmosphère , et nous
éprouvons ce que Cook éprouva au nord des Nou-
velles-Hébrides, Bougainville sur les côtes de la
Louisiade, et Lapérouse dans les îles Tonga. Il faut
convenir que rien n’est plus dangereux que d’exécuter
des reconnaissances géographiques avec de pareils
temps. Malheureusement la saison me presse,
et il m’est impossible d’attendre des jours plus favorables.
Au point du jour la pluie a enfin cessé, et dans une
éclaircie nous avons reconnu à six heures quarante
minutes, dans le N. E. E., les terres de'Mouala, et
quelques minutes après, celles de Motougou au S.
E. E. Cela m’a convaincu que les courans nous
avaient beaucoup portés au S. O.
Nous avons serré le vent et forcé de voiles pour
rallier les terres de Nhao que nous avons commencé à
revoir dans leN . N. E. à une heure quarante-cinq
minutes de Taprès-midi. Mais la brise s’est rangée an
N. E ., et malgré toute la voile que nous avons pu
faire, a six heures du soir nous étions encore à vingt
milles au S. O. de Nhao. Il fallut donc nous remettre
aux petits bords. Le vent s’est enfin modéré, la mer
n’est plus aussi dure, et la lune qui a dépassé son
premier quartier abrège pour nous une partie des
longues anxiétés de la nuit.
A cinq heures el demie du matin nous gouvernons
au N. N. O . , avec une belle brise d’E. N. E . , en
forçant dévoilés; bientôt nous l'elevons les deux extrémités
de Nhao aux mêmes airs de vent que la veille
au soir. Nous reconnaissons successivement les îles
Batigui, Balaou et Motou-Riki, à vingt et quinze milles
de distance.
A midi nous n’étions qu’à cinq milles des deux îlots
de Lele-Oubia; puis nous avons prolongé à trois,
deux, et quelquefois moins d’un mille de distance, la
redoutable ceinture de brisans qui environne les
terres de la grande île Viti-Levou. L ’Astrolabe,
poussée par une belle brise d’E. S. E . , filait avec rapidité
le long de ces masses écumantes, et nos avides
regards cherchaient en vain à découvrir une passe
afin de pénétrer au dedans de cette barrière, et d y
laisser tomber Tancre pour quelques jours. Le récif
nous parut entièrement fermé dans toute cette étendue,
et nous le suivions de si près qu’il est difficile de
supposer qu’un passage y existe réellement. Le brisant
s’étend assez uniformément à trois milles de la
plage.
Toute la partie orientale de Viti-Levou n’offre que
des terres basses et couvertes de cocotiers au rivage,
ce qui m’a fait supposer qu’elle pouvait etre bien peuplée.
Ces terres s’élèvent rapidement vers Touest, où
elles deviennent enfin des montagnes d’une hauteur
1827.
J u in .