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 moins  les  hostilités  pour  la  journée,  affirmant  qu’il  
 allait  faire  en  sorte  de  déterminer les naturels  à me  
 renvoyer tous les captifs,  et qu’il allait surtout user  de  
 son  influence  sur  Palou et Toubo  pour  vaincre l’opiniâtreté  
 de Tahofa. Je lui  donnai  ma  parole  qu’aucun  
 acte de violence ne serait commis de mon côté ; que  je  
 ne m’étais porté à ceux qui avaient eu lieu qu’avec une  
 extrême  répugnance,  et  parce  que  c’était  l’unique  
 moyen d’amener les  naturels  à faire  des  propositions  
 de paix.  Singleton convint que  c’était en effet la  seule  
 voie  pour  arriver  à ce  but  :  l’incendie  des villages  et  
 l’engagement de  la  veille au  soir avaient  épouvanté la  
 plupart  des  chefs ;  deux  ou  trois  naturels  avaient été  
 tués  et  plusieurs  avaient  reçu  des  blessures  graves.  
 Cependant  la  mort  de  notre  caporal,  et  l’acquisition  
 de son  fusil,  qui était resté entre leurs mains, les avait  
 un peu  consolés  de  cet  échec.  Ceux  qui  avaient  pris  
 part  à  cette  affaire  s’empressèrent  de  publier  qu’un  
 des officiers avait été tu é ,  et  qu’un midshipman avait  
 été  gravement  blessé,  faisant  allusion à l’égratignure  
 qu’avait reçue M.  Dudemaine.  Tahofa,  pour  encourager  
 ses  guerriers,  leur  promettait  le  pillage  de  la  
 corvette,  assurant  avec  audace  qu’elle  allait bientôt  
 tomber entre leurs mains. 
 Au moment où  Singleton  allait  nous  quitter,  vers  
 une heure après  midi,  le  détachement  en  armes partait  
 pour  enterrer  le  caporal  avec  les  honneurs de la  
 guerre sur l’île Pangaï-Modou. Ayant  demandé  à Singleton  
 si la tombe de Richard ne  serait  point exposée  
 à être  profanée par  les naturels  après notre départ,  il 
 m’assura  qu’à  cet égard je  ne devais avoir  aucune  inquiétude. 
   Les  habitans  de  Tonga  portaient  le  plus  
 grand respect aux tombeaux  et même  à ceux de leurs  
 ennemis.  Il  me  suffirait  de  signaler  sa  place  par  une  
 croix ou  telle  autre marque,  et personne n’en  approcherait  
 jamais. 
 Le  caporal  Richard  fut  enterré  sur  la  pointe  de  
 Pangaï-Modou,  à quarante pas du bord de la mer, un  
 peu à l’est de l’endroit où notre  observatoire  avait  été  
 établi.  Lne médaille  en  bronze,  de  l’expédition,  fut  
 suspendue  à  son  co u ,  et  chacun  de nous  donna  une  
 larme à la mémoire de notre infortuné compagnon. 
 Lorsque le  canot  fut  de  retour à.bord,  devant  l’équipage  
 rassemblé  sur  le  gaillard  d’arrière,  je  proclamai  
 Delanoy (V ic to r ) ,  caporal  en  remplacement  
 de Richard.  Ce jeune militaire méritait  à tous égards  
 cette  distinction  par  son  excellente  conduite,  et  le  
 bel  exemple  qu’il  avait  constamment  montré  à  ses  
 camarades  >.  Je  profitai  de  cettê  occasion  pour  
 adresser à tous  les  hommes  de  l’équipage  une courte  
 allocution  dans  laquelle je  les  exhortai à se  montrer  
 fermes à leur  poste,  et  à bien  faire  leur devoir,  quels  
 que fussent les événemens. 
 >  Le  brave  Delanoy  est  une  des  trois  personnes  de  l’équipage  de  l’J s iro-  
 labe pour  qui j’ai vainement  sollicilé une  décoration depuis plus de  trois ans.  
 Cependant j ai  toujours  cru,  et  je  crois  encore,  que  les  fatigues,  les  privations  
 et  les  dangers  sans  nombre,  et  peut-être  sans  exemple,  endurés  par  
 Ions  ceux  qui  ont  fait  la  campagne  de  rJ s tv o la h e ,  méritaient  qu’on  prêtât  
 un peu plus d’attention à mes justes réclamations en faveur de mes compagnons  
 de  voyage. 
 TOME  ÎV .   l o 
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