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 1827. 
 Juin, 
 altenUon;  mais  nous  ne  remarquâmes  pas  le  moindre  
 indice  qui  pût  faire  naître  dans  notre  esprit  
 un  soupçon  de  cette  nature.  Sans  doute,  quelque  
 près que je me  fusse  tenu  de  la  terre,  notre  navigation  
 n’eût  point  suffi  pour  détruire  toute  espèce  de  
 doute  à  ce  sujet.  Mais  je  le  répète,  je  réservais  à  
 l’année suivante l’exploration facile des  côtes  occidentales  
 des  îles  Loyalty.  Une ou  deux  relâches  sur ces  
 îles  et  les  communications  que  je me promettais  d’établir  
 avec  les  habitans m’eussent conduit  à des  renseignemens  
 plus  concluans.  Je  ne  pouvais  point  deviner  
 alors  que  quatre  ou  cinq journées  de  roule  au  
 nord pouvaient me  transporter sur le théâtre de cette  
 grande  infortune.  Plus  heureux que  moi,  Dillon venait  
 d’obtenir, par le  simple  effet  du  hasard,  ce  que  
 j ’étais  condamné  à  chercher  encore si long-temps  infructueusement. 
 Après  avoir passé  la nuit aux  petits  b ords,  à cinq  
 heures  du  matin  nous  fîmes  servir  au  N.  O.  >/^ O . ,  
 avec une jolie brise du S. E.  Dès neuf heures  la vigie  
 signala  par  un  cri  d’épouvante  un  récif  isolé  dans  
 l’ouest. Sur-le-champ  je  donnai  Tordre au  timonnier  
 de laisser arriver,  en disant à la vigie d’avertir lorsque  
 nous  aurions  le cap droit  sur  le récif.  Cela  fait,  je me  
 contentai d’ordonner au timonnier de gouverner droit  
 dans cette direction,  et à la vigie  de bien  veiller et de  
 prévenir  quand  elle  verrait  l ’eau  se  décolorer  sur  
 notre route. 
 Je  m’aperçus  bientôt  que  l’équipage  de  l’Astrolabe  
 ,  déjà  intimidé  au  seul mot de récif,  était  consterne  
 de  voir  qu’au  lieu de lui  tourner le  dos  je  me  
 dirigeais droit dessus. Echappés  à  peine  aux  dangers  
 imminens que leur avaient offerts la Nouvelle-Zélande,  
 les  îles  Tonga  et  les  îles  Viti,  ces  pauvres  gens  ne  
 rêvaient  plus  qu’écueils,  et  Ton  pouvait  facilement  
 juger  que leur moral était  singulièrement ébranlé  par  
 la nature de notre voyage.  Leurrés par les récits qu’ils  
 avaient  entendu  faire  des  faciles navigations  de  T ü-  
 ranie  et  de  la  Coquille,  qu’ils  n’avaient  considérées  
 que comme de simples  promenades ,  ils  s’imaginaient  
 en faire  autant  sur  l’A sh  olabe,  et  ils venaient  d’être  
 cruellement  détrompés  par une  expérience  plusieurs  
 fois  répétée.  Ils  n’étaient  pas  aussi  bien  convaincus  
 que moi  que  le  véritable  but d’un voyage  de  découvertes  
 était de chercher  des  terres inconnues ou d’explorer  
 avec  soin  celles qui  sont mal  connues,  et non  
 pas  d’éviter  les dangers  ou les  écueils  qui peuvent  se  
 présenter sur votre  route.  J’avoue néanmoins  aujourd’hui  
 que si j ’avais pu dès-lors prévoir que des  épreuves  
 aussi  cruelles,  et des  services  aussi pénibles  eussent  
 dù  être  accueillis  de  la  part  du ministère  de  la  
 marine  avec  autant  d’indifférence,  j ’aurais  un  peu  
 plus ménagé la sûreté de mes  compagnons de voyage. 
 Quoi  qu’il  en  soit,  pour raffermir  leur moral,  du  
 moins  pour  les  distraire  un  peu  de  leurs  sombres  
 idées,  je  feignis  de  ne  pas  avoir  remarqué  leurs  inquiétudes, 
   j’eus  Tair  de  me  réjouir  des  découvertes  
 que nous«périons ,  et je promis une piastre  d’encouragement  
 à  quiconque annoncerait  le premier une  ile  
 ou  nn  écueil  que je n’aurais point  signalé  d’avance à 
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