
 
        
         
		1827. 
 Septembre. 
 moins  d’un  mille  de  la  pointe  Ambla.  Enfin  à  dix  
 heures  du  matin  une  faible  brise du N.  E.  nous  permit  
 de  nous  écarter  un  peu  de  la  côte ;  comme nous  
 nous trouvions à une demi-lieue environ  au large de la  
 pointe Ambla et de la pointe Mangueao,  on vil  tout-à-  
 coup  le  fond  sous  la quille du  navire.  La  sonde  rapporta  
 successivement neuf,  douze  et  quinze  brasses,  
 fond  de  corail,  puis  elle  cessa de  rencontrer  le  fond.  
 Ce plateau de  corail,  au  milieu des  grands  fonds  qui  
 l’environnent,  pourrait  être  utile  aux  navires  qui,  
 arrivant trop tard pour donner dans le hâvre, seraient  
 tentés  d’y jeter  un  pied d’ancre pour  éviter l’effet  incertain  
 des  courans  durant  la  nuit.  Dans  l’espace  
 voisin,  et  même  dans  l’intérieur du  chenal,  les  officiers  
 de  la  Coquille  n’avaient  pas  trouvé  de  fond  à  
 cinquante brasses.  Ce plateau  isolé  ne  serait-il  pas  la  
 base  d’une  île  qui  s’élève  lentement  du  sein  de  la  
 mer,  et  qui  pourra  se  revêtir  un  jour  d’une  végétation  
 active  comme  celles  de  Mana-Souari  et  de  
 Masmapi ? 
 La  brise  faible,  incertaine  et  variable  du  N. O.  à  
 l’O . N. O . , nous  permet à peine dans  toute  la journée  
 de nous  écarter  à une  distance  raisonnable de  la côte  
 de Mamori. 
 Nous quittons Doreï avec notre provision complète  
 d’eau  el  de  bois  renouvelée.  Malgré  la  privation  de  
 vivres  frais,  tout  l’équipage se porte  bien ;  la relâche  
 a  procuré  à M.  Quoy une quantité de matériaux inté-  
 ressans pour  ses  travaux  sur  les mollusques;  la  collection  
 du Muséum  s’est  accrue  d’un  grand  nombre 
 d’oiseaux rares et précieux, et les cartons de M. Sain-  1827.  
 son ont reçu une foule  de nouveaux dessins  pleins de  Septemiiie.  
 chai-me et de vérité.  Chacun  des  membres de  l’expédition  
 s’est  procuré,  par  des  échanges ,  un nombre  
 plus  ou  moins  grand  d’émeraudes  préparés  par  les  
 sauvages.  Mais  peu  de  personnes  ont  pu  tuer  elles-  
 mêmes  ces  brillans  oiseaux  et  posséder  leurs  dépouilles  
 complètes,  car il n’y  a eu  que  douze  de  ces  
 oiseaux  tués  par  les  chasseurs,  savoir  :  trois  par  
 M.  Guilbert,  trois  par  M.  Bertrand,  trois  par  le  
 commis aux vivres,  Imbert,  un par  M.  Gressien,  un  
 par  M.  Gaimard,  et  un  par  Audibert.  Sur  la  Coquille  
 ,  on  s’en  était procuré  cinq  ou  six  de  plus ;  le  
 temps  étant  généralement  plus  beau,  ces  oiseaux  se  
 montraient alors  bien  plus fréquemment. 
 Le calme  persiste,  et n’est quelquefois  interrompu  7.  
 que par de faibles  risées de vent  du  N.  O.  au  S.  O. 
 Aussi nous  gouvernons  à peine ;  le  courant de  l’esl a  
 même beaucoup perdu de son  action,  et nous restons  
 à cinq  ou  six  lieues  de  te rre,  exposés à une chaleur  
 accablante de 29 et 30»  à l’ombre. 
 Malgré  les  ennuis  d’une  semblable  navigation ,  ces  
 contre-temps  ne  m’affectent que médiocrement. Nous  
 nous  trouvons  devant  une  portion  de  côte  déjà  explorée  
 par  d’Entrecasteaux,  et  la  petite  lacune  de  
 vingt-cinq  lieues  qu’avait  laissée  ce  navigateur  avait  
 déjà été remplie par M.  Duperrey. Peu  jaloux de  revenir  
 sur  des  travaux  déjà faits,  nous  nous  sommes  
 bornés  à  prendre de temps  en  temps  des relèvemens  
 pour vérifier  les  opérations de nos prédécesseurs,  et