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 50G 
 1827. 
 Juillet. 
 brasses.  Mais  plus  en  dehors,  et aux environs  de  la  
 pointe  Carteret,  un banc de  roches  s’étend  à deux ou  
 trois encâblures en mer,  avec  quatre  ou cinq brasses  
 d’eau  seulement,  de  sorte qu’il  faut ranger  de  préférence  
 la côte de  l’île  aux Cocos,  qui présente partout  
 un grand fond.  Une houle énorme,  qui venait du sud,  
 brisait  avec  une  grande  violence  sur  ce  banc,  et me  
 défendit l’approche de  la terre.  J’en eus d’autant plus  
 de  regret que  la  pointe  Carteret  est  le  seul  point  du  
 hâvre  où  le  sol,  plus  bas,  plus  uniforme  et  moins  
 obstrué  d’arbres  et  de  fourrés,  parôt  favorable  
 aux  recherches  du  naturaliste.  En  outre,  j ’avais  
 des  raisons  pour  croire  que  c’était  là  qu’habitait  la  
 peuplade  dont  nous  avions  vu  quelques  individus.  
 Mais  il me  fallut  ajourner  l’exploration  de  ce  point à  
 un jour  où le ressac permît  à nos  canots  d’aborder  à  
 la  plage. 
 De  la  pointe  des  Crocodiles,  j ’eus  une  vue  très-  
 développée des côtes et des montagnes de la Nouvelle-  
 Bretagne.  Puis,  accompagné  de  Jean,  je m’enfonçai  
 dans  les  bois de File  aux  Cocos.  Cette  fois,  à  cause  
 du beau  temps, nous vîmes quelques oiseaux,  et nous  
 entendîmes  les  chants  de  plusieurs  autres  que  nous  
 ne  pouvions  découvrir;  car  ils  se  tenaient  prudemment  
 retranchés sur les  sommités touffues  des arbres  
 gigantesques  qui  nous  couvraient  de  leur  feuillage ;  
 notre chasse  fut donc très-peu  fructueuse. En  outre,  
 nulle  part on ne  trouve d’eau  sur  l’île  aux  Cocos,  ce  
 qui rend la promenade  fort peu  agréable par  les  chaleurs  
 étouffantes  de  ce  climat.  Avant  de  rentrer  à 
 D E   L ’A S T R O L A B E . 
 bord,  je  m’amusai  long-temps  à  contempler,  sur  la  
 plage,  les ébats d’une foule de poissons qui circulaient  
 en  tous  sens  au  travers  des  coraux.  Les  riches  et  
 brillanles  couleurs  dont  ils  sont  décorés,  leurs  formes  
 bizarres  et  presque  fantastiques,  et  leur  agilité  
 singulière étaient  un véritable objet d’admiration.  Les  
 poissons  de  nos  contrées,  avec  leurs  couleurs  ternes  
 et uniformes,  diffèrent  tellement de certaines  espèces  
 de  l’Océanie  intertropicale,  que  l’Européen  est  toujours  
 disposé  à regarder celles-ci comme les jeux d’une  
 imagination  capricieuse. 
 Quelques-uns  de  nos  officiers  qui  ont  suivi  le  rivage  
 de  l’île aux  Cocos  ont encore aperçu un caïman.  
 Nous  avons eu probablement une des belles soirées de  
 ces humides  contrées ;  mais  cela  n’a pas  duré,  car la  
 pluie  a  recommencé  à  dix heures  du  soir,  el n’a  pas  
 cessé de  tomber  toute la nuit et  le  lendemain,  jusqu’à  
 dix heures du matin. 
 La chaloupe a encore  fait deux voyages à Feau ; une  
 corvée  a  été  occupée  à  couper du  bois  à  brûler  sur  
 l’île,  et  la yole  a été employée  toute  la journée à sonder  
 sous les ordres de M.  Pâris. 
 Dans Faprès-midi,  une petite  pirogue, montée par  
 quatre  sauvages,  est  venue  le  long  de  VAstrolabe.  
 Ces hommes sont restés  quelque temps  à bord,  où  ils  
 ont  été  accueillis  amicalement ;  en  partant  ils  ont  
 promis de nous  rapporter  demain  des  cochons et des  
 fruits.  Ces rafraîchissemens  nous  seraient fort utiles,  
 et pour ma part je les  paierais  fort cher ;  car les  environs  
 de notre mouillage  ne  nous  offrent  absolument 
 1,827. 
 J ui l l eL 
 V I  CXX  
 et  CXIV. 
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