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 double.  Combien  je  regrettais  alors  les  ancres  et les  
 précieux  cordages  dont  la  Coquille  était  complètement  
 approvisionnée,  et  qui  nous  eussent  rendu  
 notre  travail  si  facile!  Je  n’ai jamais  conçu  et  je  ne  
 concevrai  jamais  que M.  Duperrey  ait  p u ,  dans  les  
 circonstances  les  plus  favorables,  prolonger  la  côte  
 entière de la Nouvelle-G uinée à douze ou quinze lieues  
 de  distance  sans  avoir  le  désir  d’en  opérer  la  reconnaissance  
 ,  d’autant  plus  que  tous  ses  officiers  brûlaient  
 du désir de visiter cette grande terre.  Du  reste,  
 le  souvenir  des  regrets  amers  que  j ’éprouvai  moi-  
 même  dans  ce  temps  devenait  pour moi  un  nouveau  
 motif de  redoubler  d’efforts sur T Astrolabe,  malgré  
 le dénuement où je me trouvais. 
 A  onze  heures,  un  grain  épais,  et  qui  dura  une  
 heure,  nous priva de la vue des  terres de l’île  et de la  
 Nouvelle-Guinée  dont  nous  n’étions  pas  éloignés  de  
 plus de deux lieues,  e t ,  ce qui nous fut plus désagréable, 
   de la hauteur méridienne. Heureusement les positions  
 intermédiaires  se  trouvent immédiatement  liées  
 à  celles  des  îles  Dampier  et  Vulcain  ,  qui  reposent  
 sur  des  observations  très  - exactes  ,  de  sorte  que  
 cette lacune ne  peut  influer  sur l’exactitude  de  notre  
 travail. 
 Après  midi,  nous  continuâmes  à  suivre  la  côte  à  
 deux  lieues  de  distance,  chassés  par  une  jolie  brise  
 de S.  E.  Dès  deux  heures,  au  travers  de  ia brume,  
 et malgré la distance de quarante-cinq milles,  la  cime  
 imposante  de  l’île  Vulcain  se  montra  précisément 
 devant  nous.  Rien  ne  rend  la  navigation  plus  facile  
 que  ces  pitons  plantés  sur  la  surface  de  l’Océan,  
 comme pour servir de jalons aux navires  et  les  guider  
 dans  la  route qu’ils  veulent  suivre  le  long  d’une  côte  
 inconnue. 
 Une  station  eut  lieu  à  trois  heures  ,  devant  un  
 enfoncement  qui  reçut  le  nom  d’anse  Francklm  et  
 qui  se  termine  au  nord par le  cap Gourdon  ;  cMui-ci  
 forme une  saillie assez marquée,  mais  peu  elevee.  En  
 général,  à mesure que nous avançons,  les montagnes  
 de  la côte  s’abaissent sensiblement. 
 A  six heures du  soir,  n’étant plus  qu’à  seize milles  
 de  l’île  Vulcain,  nous  courûmes  un  petit  bord  au  
 large,  puis nous restâmes  en panne. 
 Le retour du jour nous montra que le courant nous  
 avait  portés,  depuis  la  veille  au  soir,  de  près  de  dix  
 milles  au  large.  Il  fallut  piquer  au  plus  près  pour  
 rallier  la  côte  au  vent  de  l’île  Vulcain.  Au  sud  de  
 cette île ,  une anse  assez  profonde  offre  a  son ouverture  
 deux  îlots  (îles  Legoarant) ,   et  sur  la  pomle  
 du  sud  de cette baie  se trouve un  village compose de  
 plusieurs  cases.  La  côte  plus  escarpée  entre  le  cap  
 Gourdon  et  cette  anse  ne  tarde  pas  a  s’abaisser  de  
 nouveau  plus  au  N.  O.  :  les  bords  de  la mer offrent 
 les  sites  les plus  agréables. 
 A l’ouest-sud-ouest de l’île Vulcain,  une jolie petite  
 baie  présente  encore  un  petit  îlot  (île  Lamg).  es  
 plages  sont  couvertes  de  touffes  de  cocotiers;  sous  
 leur  ombrage,  on  distingue  de nombreuses  cases,  et  
 la  lunette  nous  fit  apercevoir  plusieurs  groupes  de 
 1827. 
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