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 1827. 
 Octobre. 
 très  d’or.  Le jeune  homme  et  son  frère  nous  firent  
 beaucoup  de politesses,  et  nous offrirent  des  rafraîchissemens  
 que nous n’acceptâmes point. 
 Je passai ensuite  chez M. Morrees,  où  je  ti-ouvai  
 M.  Bertrand en altercation  assez  vive  avec  lui,  touchant  
 le prix des fournitures livrées  par  l’administration. 
  Malgré la promesse qu’il m’avait  faite, M.  Morrees  
 exigeait  une  hausse  de cinquante  pour  cent  sur  
 les  prix  fixés  par les  tarifs du gouvernement  hollandais  
 , comme cela  se  pratique à l ’égard des navires  du  
 commerce qui reçoivent ces  objets des magasins  de  la  
 colonie.  Par  l’entremise  de  M.  Paape,  j ’obtins  que  
 cette hausse serait réduite  à quinze pour cent,  et que  
 dans  le prix  du biscuit  celui  des  sacs  ne  serait  point  
 compris,  attendu  que  nous  ne  les  prenions  pas. Ce  
 dernier  objet  ne  montait  pas  à  moins  de  six  cents  
 florins. 
 D’après  les  comptes arrêtés  par  M.  Bertrand,  la  
 somme  totale  de  nos  dépenses  à  Amboine  ne  s’est  
 élevée  qu’à  douze  mille  six  cents  francs  environ,  et  
 dans le compte  il  n’y   a  eu  que  trois  mille  cinq  cents  
 francs pour les  ancres, grelins et autres menus  objets  
 de remplacement  pour  le  service  de  la mission.  Sans  
 doute il était difficile de réparer avec  plus  d’économie  
 les pertes  faites  sur  les  récifs  de  Tonga-Tabou.  Six  
 mois auparavant, j ’eusse souscrit sans hésiter un billet  
 de cent mille francs à celui qui eût pu me les procurer. 
 La première fois  que mes  lettres  patentes du roi de  
 Hollande furent présentées à M. Morrees, il arriva un  
 incident assez comique.  Par politesse,  sans  doute,  le 
 gouvernement des Pays-Bas avait  fait rédiger cet écrit  
 en  langue  française,  et  le  roi  lui-même  avait  signe  
 Guillaume.  M. Morrees,  accoutumé  à  voir  tous  les  
 actes  signés  fFUlems,  ne  voulait  point  reconnaître  
 l’autre  signature,  répétant  sans  cesse  pour  unique  
 raison que le nom  de  son souverain  était m ile rn s , et  
 xioxi Guillaume.  M.  Paape  seul,  après  d’assez  longs  
 raisonnemens,  put  lui  faire  entendre  que  le  roi  de  
 Hollande,  régnant  en même  temps  sur  la  Belgique,  
 avait  sans doute aussi adopté une signature française. 
 Je  conviens  que le cas était assez singulier,  et pouvait  
 embarrasser le méticuleux administrateur; car je crois  
 que  c’est peut-être la seule  occasion  où un roi  ait employé  
 deux  signatures différentes. 
 Du  reste  je  prévis  sur-le-champ  que  la  difficulté  
 qui avait eu  lieu  près  de M.  Morrees  pourrait  se  reproduire  
 dans  quelque  autre  colonie  hollandaise,  
 1827. 
 Octolji’c. 
 dont  le chef pourrait bien se refuser à toute espèce de  
 raisonnement. Pour  éviter  un pareil inconvénient,  je  
 priai  M.  Morrees  de  me  donner  une  traduction  en  
 langue hollandaise de  ces  lettres  patentes,  et  d’y apposer  
 sa  légalisation.  Cet  administrateur  se  prêta  a  
 ma  demande,  et  M.  Paape  m’assura  qu’avec  cette  
 nouvelle pièce je pourrais désormais me présenter tete 
 levée dans  toutes les Moluques. 
 J’ai diné chez M. Morrees, et en sortant de table nous  
 avons  fait  une  promenade  en  voiture  au  jardin  des  
 Cocos. C’est une petite habitation fort agreable,  situee  
 à une demi-lieue de la ville,  au bord de la mer,  et dans  
 une  position  charmante;  elle  sert  ordinairement  de