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([u’à Doreï ; car ici les coiirles flèches des naturels ne
pouri aient jamais les atteindre sur le sommet des
grands arbres qui composent toutes les forêts du
pays.
Les insulaires ont commence à apporter un peu de
poisson, et je les al encouragés à continuer, en les
jiayant libéralement ; cette l’essource serait pour
nous d’autant plus précieuse, que notre pêche est
très-ingrate.
La nuit a clé très-pluvieuse, et il est tombé encore
de l’eau plusieurs fois dans la journée. Cependant, à
neuf heures et demie, je suis descendu à terre du côté
de Fanidi, et j ’ai couru les bois durant six ou sept
heures avec Lauvergne et Jean, sans faire aucune
rencontre intéressante. Tout était trempé par la pluie,
le sol était fort glissant et souvent submergé. Les
oiseaux se montraient peu, ainsi que les insectes.
Deux naturels m’avaient accompagné dans le commencement
de ma course, et j ’étais ti'ès-étonné de l’aii'
timide et cauteleux qu’ils prenaient dans ces bois que
je parcourais journellement avec tant de confiance,
fis me firent entendre qu’ils redoutaient la rencontre
des Arfakis, les habitans des montagnes et leurs ennemis
jurés. Ces hommes parcourent les forêts et
viennent quelquefois jusqu’aux portes des Papous,
pour tâcher de les surprendre. S’ils sont les plus
fo r ts , ils tombent sur les Papous , leur coupent la
tète et l’emportent en triomphe chez eux. De leur
côté, les Papous cherchent à leur rendre la pareille ;
mais ce cas-ci doit être plus rare que l'autre, car les
Papous sont des gens timides, et je ne pense pas qu’ils
s’aventurent souvent sur les brisées de leurs rivaux.
Mes deux compagnons marchaient constamment
l’oreille au guet, faisant, avec leurs pieds nus, le
moins debruit possible, et leurs flèches en arrêtau plus
léger bruissement des feuilles. Ils paraissaient tres-
vexés du peu de précautions que nous prenions pour
dissimuler notre marche ; mais leur inquiétude devint
excessive , lorsque nous entendîmes tout-à-coup un
bruit confus de voix sauvages à quelque distance de
nous. Nos deux Papous voulurent prudemment prendre
la fuite ; mais, rassurés par la vue de nos fusds que
nous tînmes armés, ils nous suivirent en se tenant
derrière nous. Bientôt nous nous trouvâmes sur un
petit monticule plus dégagé que le reste de la forêt,
où quatre ou cinq sauvages 'étaient occupés à esso-
riller deux sangliers et quelques phalangers. Nos
deux compagnons reconnui'ent dans ces hommes des
camarades occupés à chasser dans la foret, et ils restèrent
à causer avec eux de leur capture et d’autres
affaires. Pour moi, après avoir recommandé aux chasseurs
de porter les sangliers à bord, en leur assurant
qu’ils seraient généreusement payés , je continuai ma
promenade dons la foret.
En effet le plus petit des sangliers fut apporté le
soir à bord, et je le payai deux piastres pour engager
les sauvages à en apporter d’autres ; mais ils ne revinrent
point. Le commerce des oiseaux était beaucoup
plus productif pour eux et leur coûtait moins de peines
; sans compter qu’il ne les privait point d’un ah-
[827.
Août.
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