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souvent fangeux et très-peu praticable ; les localités
elles-mêmes avaient subi de si étranges altérations,
quïl me fut impossible de retrouver l’endroit où j ’allais
à l’affût des manucodes. Cette humidité générale empêchait
les oiseaux et les diverses races d’insectes de
voltiger en aussi grand nombre que je l’avais jadis observé.
Dans ma promenade , il est v r a i, j ’entendis
les cris glapissans de plusieurs émeraudes mâles ;
mais retranchés sur les sommités des arbres les plus
élevés, il était fort difficile de les apercevoir et presque
impossible de les atteindre. Après une chasse
fort stérile, dès une heure je rentrai à bord ennuyé
et fatigué. Mon tempérament altéré ne pouvait plus
se prêter à ces longues excursions qui n’étaient qu’un
jeu pour moi dans mes campagnes du Levant, et que
je répétais encore sans peine dans le voyage de la
Coquille.
L ’équipage a eu toute la journée pour se reposer.
Comme le plan du hâvre de Doreï levé par les officiers
de la Coquille ne laisse rien à désirer, nous devons
nous dispenser de tout travail hydrographique.
Nos soins se réduiront à remplacer l’eau et le bois
consommés, et à poursuivre les recherches d’histoire
naturelle en tout genre. M. Sainson continuera d’accroître
les richesses d’un porte - feuille déjà volumineux.
Le ciel a été très-couvert toute la journée, et il a plu
à de fréquens intervalles. J’ai cependant encore fait
une promenade du même coté que la veille, de une
heure à quatre, souvent trempé jusqu’aux os. La
chasse a été peu fructueuse, et je n’ai tué qu’un guêpier
à longs brins et un beau martin-pêcheur.
On a commencé à faire l’eau au limpide ruisseau
de W ir s i, et le bois un peu plus bas, entre Wirsi et
Arkauki, mais de manière que les deux corvées fussent
en vue de la corvette et sous la protection de
nos canons. L ’observatoire a été replacé sur la petite
plage de Ninou-Kamoudi au même point où fut établi
celui de la Coquille.
Le commerce des oiseaux de paradis a continué,
mais il n’y a guère eu que MM. Jacquinot, Lottin et
Bertrand qui aient pu s’en procurer pour quelques
vases de porcelaine, qui tout-à-coup sont devenus
des objets de haut prix pour MM. les Papous. Les
autres étaient obligés de solder en belles et bonnes
piastres.
Un de ces naturels, qui m’a paru avoir quelque
crédit parmi ses concitoyens et plus d’intelligence
que la plupart d’entre eu x , m’a demandé en mauvais
malais combien de temps nous resterions encore a
Doreï. Sur l’assurance que je lui ai donnée que nous
ne partirions pas avant neuf jou r s , il m’a appris que
deux pirogues allaient mettre à la voile pour Embar-
baken, afin d’en rapporter une nouvelle provision
d’oiseaux. C ’est de cet endroit situé à soixante milles
environ de Doreï, que les naturels nous parlaient,
lors du séjour de la Coquille, comme du point où l’on
se procurait aussi le plus grand nombre d’émerau-
des. H est probable qu’à Embarbaken, ces oiseaux
sont plus fréquens et surtout plus faciles à approcher