
 
        
         
		vingtième jour passé,  ils  reprennent  leurs  vêtemens  
 ordinaires  et  quittent  leurs  huttes  provisoires  pour  
 rentrer dans  leurs  maisons,  ainsi que  les  parens  du  
 défunt.  Cependant  ceux-ci  continuent  de  porter  durant  
 deux mois des nattes avec du gnatou par-dessous. 
 Aux funérailles  de Finau,  la  clôture  de  la  cérémonie  
 eut  lieu  le  vingtième  jour.  De  bon  matin,  tous  
 les  parens  et  toutes  les  personnes de  la  suite du  chef  
 défunt,  réunis aux femmes du deuil  tabouées par leur  
 contact  avec  son  corps,  allèrent  chercher  derrière  
 l’ile  un  grand  nombi’e  de  galets,  la  plupart  blancs,  
 et  les  rapportèrent  dans  des  corbeilles  comme  ils  
 avaient  fait  du  sable.  Ils  semèrent  les  blancs  autour  
 du  faï-toka  et  de  la  cabane  érigée  au-dessus  en  guise  
 d’ornement ; mais  ils ne  placèrent  les noirs  que sur le  
 lieu  même  où  se  trouvait  le  corps  et  de  manière  à  
 figurer  une  ellipse  alongée.  Puis  la  cabane  du  faï-  
 toka  fut-complètement  close  par  un  treillis  dé  roseaux  
 et  de jeunes  branches  de  cocotier;  elle  devait  
 rester  dans  cet  état  jusqu’à  ce  qu’elle  fût  remplacée  
 par  une  neuve,  lors  d’un  nouvel  enterrement.  
 Ensuite  les  chefs,  les  mata-boulais  et  les  gens  de  
 leur  suite  firent  un  repas ;  le  kava  fut  servi  comme  
 à  l’ordinaire,  mais  on  ne prononça pas  un mot.  Enfin  
 chacun se relira  chez  soi pour  se  préparer  aux  luttes  
 el  aux danses qui devaient avoir Heu. 
 Dans  l’intervalle  des  danses,  plusieurs mata-boulais  
 ,  guerriers  et  autres,  s’avancèrent  près  du  tombeau  
 ,  et  recommencèrent  à donner des preuves  sanglantes  
 de  leur  fidélité  au  chef  défunt. Deux  enfans 
 de  douze  et quatorze  ans  se distinguèrent par l’excès  
 de leur  zèle ;  le plus jeune  surtout  dont  le père  avait  
 été  tué  au  service  de  Finau,  dans  la  révolution  de  
 Tonga-Tabou,  se  mulila  et  se  déchira  tellement  la  
 tête qu’il fut bientôt  inondé de  sang.  Les  pêcheurs  de  
 Finau  se maltraitèrent  avec  leurs pagaies  en guise de  
 casse-têtes ;  ce  qui  les  singularisa  le plus,  c’est qu’ils  
 s’étaient passé chacun  au travers de chaque joue trois  
 flèches dont  les  pointes  réunies  sortaient par  la  bouche, 
   et dont les  tiges,  passant sur  les  épaules,  étaient  
 attachées  à  une  autre  flèche  posée  en  travers.  Il  
 en résultait un triangle ou espèce de carcan  d’un goilt  
 tout  nouveau.  Ainsi  ajustés,  ces  hommes  firent  le  
 tour  du  tombeau  en  se  meurtrissant  la  tête  et  la  
 figure à  coups  de  pagaies ,  ou  s’enfonçant  des  lances  
 dans le corps ;  le  tout pour prouver leur dévouement  
 au défunt  roi. 
 Enfin ces cruelles démonstrations d’amour, qui durèrent  
 près  de  six  heures,  se  terminèrent  par  une  
 grande lutte.  Puis  les assistans s’en allèrent chez eux ;  
 et  ce  fut  la  conclusion  des  obsèques  du  roi  des  îles  
 Hapaï et Vavao  g 
 L ’action de se meurtrir  et  de  se  déchirer  diverses  
 parties  du  corps  se  nomme foa-onlou ; celle  de  s’en-  
 sanglanter les joues et d’en déchirer  l’épiderme en  les  
 frottant  avec de  la bourre  de  coco  ou  des  morceaux  
 de tresse,  est  le  tougui.  Le  lafa  consiste  à  se  brûler  
 le bras  en  cinq  ou  six  endroits,  en  formant  cinq  ou  
 six  cercles  concentriques. 
 I  M ariner,  I ,   p.  3 io   e l suiv. 
 TOME  IV .  ‘2   1