grand cano t p ou r tâ cher de les a v o ir et p unir les voleurs. Ce
fut en vain ; ccu.x qui étaient dedans n ’ar riv è ren t que p ou r
v o ir entraîner d’île en île et au travers des récifs nos matelots
qu ’on av a it dépouillés . U n s e u l, le jeun e C a n n a c , fut relâché
nu. L e ch e f de tim o n n e r ie , étant aussi parvenu a s’échapp er,
revint à bord. Nous eûmes également l ’embarcation q u i, pleine
de sab le , ne p ut passer parmi les ré c ifs ; le grand cano t retourna
sans av o ir pu p rendre un seul natuael q u i aurait pu
servir d’ôtage et de moyen de communication avec les habitans.
I l re cu e illit M. Dudemaine q u i , p a r l e p lus beureux h asa rd ,
se trou v a it sur la grande î l e , ne se doutant de rien , ju squ ’à
ce que son am i, qui vena it de le bien traite r chez lu i , lui
enleva brusquement son fusil sans le m altra iter; tant ces
hommes sont versatiles et disposés à suivre l ’impulsion que
leu r donnent les chefs. M . Dudemaine v o y an t v enir T a b o fa
et L a va ka q u i , ju squ ’au dernier in s ta n t, ava ient été si bien
reçus à b o rd , s’adressa à eux p o u r av o ir son fu s il; mais il en
fu t très-mal r e ç u , et avec des menaces. Néanmoins il ne fut
p o in t e n tra în é , tandis q u ’on enleva M . F a ra gu e t et les matelots.
L ’un d’eux m êm e , s ’étant fait une blessure profonde au
p ie d , fut porté avec p ré ca u tio n , ce qui ne l’empêcha pas
d’être mis nu. Ils ar riv èrent à Moua chez P a lo u q u i , ne p a raissant
p o in t p articip e r à cette mauvaise a c t io n , les p rit sous
.sa protection , sans toutefois chercher à les ren d re , parce q u ’il
c ra ign a it T a b o fa qui seul a v a it machiné ce t en lèv ement, et
p eu t-ê tre ce lu i du n a v ir e , s’il av a it pu. Ce dernier ch e f avait
entraîné dans son complot le faible L a v a k a ; nous ne pûmes
co n c e vo ir le m o tif qui le faisait a g ir ainsi , à moins q u ’à
l ’exemple de P a lo u , qui av a it auprès de lu i des A n g la is , il ne
v ou lû t aus s i, lu i , a v o ir des Europ éens à son service.
A u moment oû les p irogues laissèrent le b o rd , le matelot
S imonet, assez adroit chasseur, déserta, en voulant faire croire
à scs camarades qu’ il avait été entraîné. Mais tous ses vêtemens
q u i l emportait déposaient du contraire.
A u retour du c a n o t , le commandant l’expédia de nouveau
:
bien armé avec ordre de s’emparer des naturels qu’on p o u r rait
su rp ren d re , de b rû le r toutes les habitations de la c o t e ,
d’ép argner les femmes et les enfans, et de ne tirer sur les
liommes qu’en cas d’attaque. Plusieurs personnes de l’état-
major furen t de cette exp éd ition . On incendia quelques cases
sans oppo.sition, mais dans un lieu où les arbres ap p rochan t de
très-près la mer ne laissaient q u ’une p la g e de sable étroite , on
fut reçu à coups de fu s il tirés au travers des buissons; incident
auquel on ne ûevait pas s’attendre si promptement. M . D u d e maine
eut le coude froissé p ar une b a lle . Le cap ora l de marine
s’avança imprudemment dans un sentier étroit à la poursuite
des n ature ls , i l en ab attit un d’un coup de fu s il; mais au
même instant il fut entouré p ar trois ou quatre hommes q u i le
désarmèrent, le p ercè ren t de six à sept coups de baïonnette ,
et l ’assommèrent d ’ un coup de casse tête. E n cr iant, on fut à son
secours , on le porta au cano t où il p erdit connaissance. Q u e lques
heures après il expira à b o rd de la co rv ette. L e bois était
rempli de combattans ; les coups qu’on leu r tira durent nécessairement
en blesser quelques-uns. Cependant cette attaque,
b eaucoup moins périlleuse p ou r eux que p ou r nos g e n s , n’aboutissant
à r ie n , M . Gressien qui les commandait les fit remb
a rque r e t re v in t à bord.
Dès que M . d’U rv ille entendit que les habitans ripostaient
p ar des coups de fu s il, il vit bien que le b u t qu’il .s’était p ro posé
était manqué. I l n’eut plus d’autre ressource que de tente
r d’attaquer Mafanga placé assez près de nous sur le bord
de la mer. C ’est un v illa g e sacré qui contient les maisons des
esprits et les tombeaux de quelques familles de chefs. Dans
les plus grandes guerres ce lieu est toujours respecté, et jamais
on n’y combat. C ’est un sanctuaire dans une île sacrée par elle-
même; ca r T o n g a -T a b o u signifie T o n g a la Sacrée. Mais le
lendemain nous vîmes une fo u le de naturels occupés à construire
des palissades, à é lev er des redoutes en terre devant
M a fan g a , et p a r conséquent nous ôter tout espoir de nous
en emparer p a r descente. I l ne fallut p lus songer qn’ à con