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 ,  il  se relève et se  retire  parmi  le  peuple.  Si  la  
 compagnie désire prendre encore du kava,  le chef désormais  
 remplit les  fonctions de président. 
 Mariner ne croit  point  que  ces  convulsions  et ces  
 inspirations  de  la  part  des  prêtres  se  réduisent  à  de  
 simples jongleries ;  mais  il est persuadé  que  ces  gens  
 sont de bonne  foi,  et que  la  puissance  de  la  superstition  
 est  suffisante pour monter  leur  imagination  au  
 point de produire des effets aussi extraordinaires g 
 Il  est  possible que les  dieux visitent  aussi  d’autres  
 personnes que  les prêîres,  particulièrement des  femmes  
 ;  mais  les  symptômes  sont  différens.  Ces  personnes  
 sont ordinairement  pensives  et mélancoliques  
 comme  si  elles  avaient  éprouvé  quelque  grand  malheur. 
   Quand  les  symptômes  se  prononcent plus  fortement, 
   elles  versent  des  larmes  en  abondance,  et  
 quelquefois  perdent  connaissance  pendant  quelques  
 minutes.  La durée  de  ces  transports varie  d’un quart  
 d’heure à une demi-heure.  Ces accès passent pour des  
 inspirations  causées  par  la  visite  d’un  dieu  qui  vient  
 vous  reprocher  quelque  négligence  dans  les  devoirs  
 religieux, non pas d’une manière directe et intelligible,  
 mais par une espèce de remords de la conscience. Dans  
 ce cas on  prépare  un  kava  solennel,  et  l ’on  procède  
 comme  dans  le cas  où  un  dieu  doit  être  consulté  par  
 la  voix d’un prêtre. 
 Un  jour  un  jeune  chef,  très-bel  homme  et  bien 
 t  Mari/ier,  I ,   p.  lo o   et  .sniv. 
 fait,  se sentit inspiré;  mais  il  ne  put  savoir  par  quel  
 dieu.  Tout-à-coup  il  se  trouva  très-abattu,  et  peu  
 après perdit  connaissance. Revenu  à lui-même,  et se  
 sentant encore  très-mal  à son aise,  il  fut  conduit à la  
 maison d’un  prêtre,  qui lui dit qu’une  femme  morte  
 depuis deux années,  et actuellement habitante du Bolotou  
 ,  dont il donna  le nom,  f  avait  inspiré ;  il ajouta  
 (jue  cette  femme était éprise d’un  violent amour pour  
 lui, et désirait le voir mourir pour jouir de sa personne;  
 qu’enfin  ce sort lui  était réservé sous peu de jours. Le  
 chef répondit qu’il avait vu la figure de la femme deux  
 ou  trois  nuits  de  suite  en  songe,  et  qu’il  avait  commencé  
 à soupçonner  qu’il  était inspiré  par  e lle ,  bien  
 qu’il n’en  fôt  pas  certain  G 
 On a coutume principalement de recourir  aux  prêtres  
 pour  consulter  les  desseins  des  dieux  à  l’égard  
 des  personnes  malades.  Le  prêtre  est  sur-le-champ  
 inspiré  et  reste  presque  constamment  dans  cet  état  
 pendant tout  le  temps  que le malade  est  avec lui.  S’d  
 ne va pas mieux,  au bout  de  deux  ou trois jours,  on  
 le conduit  à un autre prêtre,  de celui-ci à  un autre,  et  
 ainsi  de  suite  jusqu’à  ce  qu’il  soit  rétabli  ou  mort.  
 Mariner cite des exemples  fort curieux  de  ces consultations  
 lors de la maladie qui  emporta  la jeune fille de  
 Finau  U*'  et de celle  qui  causa  la mort de  ce  chef lui-  
 même 2. 
 Les  prêtres  n’ont  point  de  costume  particulier  et  
 ne  forment point un  corps  à part  ;  ils  vivent  avec les 
 T  M a r in e r ,  I ,   )>.  i o 4  e t   l o S .   —   2  M a r in e r ,  1 ,  p .  2 8 8   e t  su iv .