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674 V O Y A G E
1827.
Novembre.
I di'ooiiibrc.
qu’une triple décharge de mousqueterie lui rendait
les honneurs militaires.
Dans la nuit, la brise a fraîchi, et la mer assez
dure a secoué le navire plus rudement. Mais nous
rallions avec joie les parages où nous n’avons plus
à redouter les vents contraires.
A midi, dans un grain chargé de pluie et de vent,
celui-ci saute subitement du N. N. O. au S. O. Nous
gouvernons au S. E. ‘ ¡, E . , et nous filons cinq ou
six noeuds au travers d’une grosse houle. Nous avons
déjà dépassé le trente-troisième degré de latitude méridionale
; et comme nous sommes à une grande distance
de la côte australienne, nous n’avons plus à
craindre de ne pouvoir doubler le cap Leuwin, quand
bien même le vent se rapprocherait beaucoup du
sud.
Huit jours ont suffi pour nous faire passer des
douces brises et des eaux paisibles du tropique aux
vents impétueux de l’hémisphère austral et aux
immenses houles qui soulèvent habituellement ses
flots.
Grand frais d’O . S. O. avec une houle énorme.
Nous avons reçu quelques grains de pluie que le vent
chassait presque horizontalement, tant il était violen
t Ce matin, les albatros chlororynques et épo-
mophores ( de Lesson) repai'aissent autour du navire.
Dans leur puissant v o l, ils se jouent de l’effort de
la tempête, et viennent souvent effleurer ia surface
des hautes vagues du bout de leurs vastes ailes.
A midi, par 37« lat. S . , nous voyons paraître
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le premier damier. Les albatros sont fréquens, surtout
ceux de l’espèce diomedæa fuliginosa.
Maintenant nous faisons habituellement des joui’-
nées de cinquante-cinq lieues, bien que le courant
nous reporte chaque jour de dix-huit ou vingt milles
auN. E.
J’ai perdu aujourd’hui un cacatoès de la grosse
espèce, que j ’avais acheté l’année précédente à Port-
Jackson. Ce pauvre oiseau s’était singulièrement attaché
à moi, et ne pouvait souffrir qu’aucun autre le
touchât du bout du doigt. 11 est mort dans des souffrances
prolongées qui lui arrachaient des cris lamentables
, semblables à ceux d’une personne à l’agonie.
Je pense que les mouvemens violens que le navire
éprouve depuis notre retour dans les grosses mers du
Sud ont dù beaucoup contribuer à la mort de cet
animal. Pourtant un autre cacatoès de la petite espèce,
que j’ai acheté à Amboine, ne paraît nullement
incommodé par ces secousses répétées.
Le 10, notre estime nous plaçait sur le parallèle
de la pointe australe de Van-Diemen’s-Land ; cependant
j’ai conservé le cap à l ’E. S. E. pour me soutenir
contre les courans du S. O.
Le ciel est entièrement couvert et l’horizon complètement
enveloppé d’une brume épaisse, humide et
grisâtre. H vente grand frais de N. N. 0 . , avec une
mer très-grosse, et nous filons quelquefois jusqu’a
neuf noeuds.
Nous avons en vue des albatros et des pétrels de
diverses espèces , des marsouins et des baleines. Un
1827.
Décemlirp