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 1 3  mai. 
 CHAPITRE  XXIII. 
 COMMTS  AVEC  t.ES  MATURKIS  DE  TOEGA-TABOF. 
 Le  ciel  paraissait  favoriser mes  projets ;  une  petite  
 brise  de  S.  E.  s’était  élevée;  c’était  le  vent  le  plus  
 favorable  pour  nous  pousser  hors  de  la  rade.  Aussi  
 je comptais mettre à la voile vers dix heures,  moment  
 où  la marée  basse  me  permettrait  de  distinguer plus  
 clairement  la position  et  l’étendue des brisans. 
 Aussitôt  le branlebas fait,  la chaloupe avait été envoyée  
 sur  l’ancre  du  nord  pour  la  relever ;  mais  
 comme elle offrait  trop de résistance,  nous  avions filé  
 la chaîne de tribord au moyen d’un ajust avec un orin,  
 et  nous  avions  relevé  la  chaîne  et  l’ancre de  bâbord  
 avec  le  navire.  A  sept  heures  elle  se  trouva  haute.  
 Nous avions  ensuite viré  sur  la chaîne  de  tribord,  et  
 nous  avions  tenu  bon  à  long  pic.  Immédiatement  
 après, la  chaloupe avait été embarquée. 
 Pour mieux  en  imposer  aux  naturels  comme  aux  
 matelots sur le  but  de  ces  manoeuvres,  selon  la coutume, 
   le  chef  de  timonnerie,  Jacon,  avait  été  envoyé  
 à terre  au  point  du  jour pour observer  les marées. 
  Je  n’avais  fait  aucune  démarche pour  rappeler  
 à bord M.  Dudemaine,  q u i,  depuis  la veille,  se trouvait  
 en partie de  plaisir chez  son  ami  particulier,  et je  
 comptais même ne  recevoir  cet élève  qu’au  large, où  
 il  serait venu  nous  rejoindre.  La  suite des  événemens  
 fera  voir  que  dans ce cas  il eût  été  probablement  réduit  
 à  rester  parmi  les  sauvages. 
 Depuis  le  matin,  la  corvette  était  entourée  d’un  
 nombre  de  pirogues  plus  considérable  que  nous  ne  
 l’avions  encore  v u ,  et je  veillais  attentivement  à éloigner  
 du bord tous les chefs qui n’étaient pas pour nous  
 d’anciennes connaissances. Suivant son habitude, tout  
 entier à  ses  marchés,  Tahofa  s’était  tenu  assis  sur  le  
 bastingage de  bâbord pour les diriger en personne. A  
 huit  heures  et  demie,  il  s’avança  brusquement  vers  
 'moi,  et  me  pressa  instamment  d’acheter  plusieurs  
 beaux  cochons  qui  venaient d’arriver  dans  une pirogue. 
  Tout  avait réussi jusqu’alors  au  gré  de mes  désirs  
 ,  et  je  crus  que  rien  ne  pouvait  me  forcer  plus  
 long-temps a la dissimulation.  En  conséquence, je  fis  
 répondre  à Tahofa ,  par  l’Anglais  Read ,  que je n’avais  
 plus besoin  d’aucune  sorte  de  provisions,  que le  
 navire allait mettre  à la  voile,  et que je lui faisais  mes  
 adieux.  Sur  cela,  Tahofa  prit  ma  main  et  la  serra  
 avec amitié d’un air qui semblait même vivement ému ;  
 il en  fit  autant  à  l’égard de  tous  les  officiers  présens  
 sur le pont,  puis il  sauta lestement  dans  sa pirogue et  
 alla débarquer sur Pangaï-Modou. 
 Au  meme  instant  toutes les  pirogues  qui  environ- 
 Mai. 
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