
 
        
         
		fut  alors  déposé sur un paquet de  gnatou  dans le  caveau  
 ,  puis  on  laissa  retomber  le couvercle  en  poussant  
 un cri.  En  ce moment  les  plaintes  et  les gémissemens  
 recommencèrent Accompagnés  de  déchirures ,  
 de meurtrissures,  d’incisions,  etc. 
 Ensuite  toutes  les  personnes  du  cortège,  placées  
 sur un seul rang,  les  femmes en  tête, mais  d’ailleurs  
 sans observer aucune préséance,  se rendirent vers un  
 endroit de V avao, nommé Likou, pour aller chercher  
 des corbeilles  de  sable.  Tous  chantent  à  haute  voix  
 sur  la  route,  pour  empêcher  les  étrangers  de  se  
 trouver  en  présence  de  la  procession;  car  celui  qui  
 viendrait à se montrer en pareil cas serait sur-le-champ  
 assommé  sans  pitié.  La loi est si positive que Mariner  
 assure  qu’aux  obsèques  d’un  simple toua,  Finau  lui-  
 même n’aurait pas  risqué de se  tenir sur  le chemin de  
 la procession du sable ; non pas qu’on eût osé pour cela  
 attenter  à sa vie, mais  parce  qu’une  telle  action de sa  
 part eût été considérée  comme  un  acte  de  haute  impiété  
 envers  les  dieux  du  Bolotou  censés  présens  à  
 cette  solennité. 
 Au terme de leur course,  les  personnes  de  la  procession  
 font  chacune  une  petite  corbeille  en  feuilles  
 de  cocotier tressées,  et  la  remplissent de sable ;  puis  
 elles reviennent  au  tombeau  que  les  fossoyeurs  ont  
 recouvert  de  te rre,  et  y  versent  tout  leur  sable  de  
 manière à former un petit tertre au-dessus de la tombe.  
 Enfin  le  tout est recouvert de nattes en  feuilles de cocotier. 
 Chacun,  s’étant  reliré  chez  soi,  se  coupe  les  cheveux  
 et  se brûle  la  peau des  joues sur  les  pommettes  
 avec un  petit  rouleau  de  tapa  enflammé;  la plaie est  
 mise au vif avec la baie astringente du matchiapxv la fait  
 saigner ;  et de ce  sang on  se  fait  sur  la joue une tache  
 circulaire de deux  pouces  de  diamètre  qui donne à la  
 figure  un  aspect hideux.  Chaque jour  on  se  frotte de  
 nouveau  avec  le  fruit  du  matchi pour  entretenir  la  
 plaie ; en outre les hommes cessent de se faire la barbe  
 et  de  se  frotter  d’huile.  Ils se  retirent  aussi dans  des  
 huttes tempor aires  durant tout  le  temps du deuil  qui  
 est de  vingt  jours.  Les  femmes  qui  ont  été  tabouées  
 pour avoir  touché au  corps,  ne peuvent quitter qu’un  
 instant  le  faï-toka  pour  prendre  leurs  repas,  mais  
 elles  doivent y  coucher. Une  d’elles  est constamment  
 obligée  de  tenir  des  torches  allumées  devant  le  faï-  
 toka,  et  elles  se relèvent  tour  à  tour dans  ce pénible  
 service.  Tout homme  doit  éviter  de  passer  devant  le  
 faï-toka;  s’il  est  obligé  de  le  faire,  il  doit*marcher  
 à*pas lents,  la tête baissée  et les mains jointes devant  
 lui.  S’il a un fardeau, il doit l’ôter de dessus ses épaules  
 et le porter dans ses bras ou à la main.  Tant que dure  
 le deuil,  il vient de  temps en temps des amis  du mort  
 qui s’approchent  du tombeau et renouvellent  les marques  
 de deuil dont nous avons  déjà  parlé. 
 Les  personnes  en  deuil  doivent  renoncer à l’usage  
 des  étoffes  en  gnatou  et  ne  porter  que  des  nattes  
 pour  vêtemens. Mais  au  bout  de  dix jours,  en  guise  
 de  demi-deuil,  ceux  qui  tiennent  de  moins  près  au  
 défunt  commencent  à  porter  sous  leurs  nattes  un  
 morceau  de gnatou  qui  est  moins  rude  à  la  peau.  Le