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 où nous étions présentement mouillés. 
 En  rentrant  à  bord  ,  à  huit  heures  et  demie,  
 M.  Jacquinot  m’apprit  que  l’ancre  qui  n’avait  plus  
 qu’une patte,  était  perdue sans retour,  son  grelin  et  
 son orin ayant successivement rompu,  lorsqu’on avait  
 voulu virer au  cabestan.  Cela  nous  réduisait  définitivement  
 à trois grosses ancres. Du  reste,  l’autre ancre  
 fut relevée,  et  les  canots  nous  remorquèrent  vers  le  
 mouillage,  où  nous  arrivâmes  sur  les  dix  heures  et  
 demie.  Alors  nous  nous  occupâmes  de nous amarrer  
 à poste,  et,  à deux heures  après midi, je me flattais de  
 voir cette opération terminée,  quand on s’aperçut que  
 le  câble de  l’une  des  ancres  s’était  entortillé  avec  la  
 chaîne  de  l’antre  ancre.  Il  fallut  donc  virer  à  la  fois  
 deux  grosses ancres ,  une chaîne et un câble  pour  les  
 dégager. Deux heures entières avaient  été nécessaires  
 à l’équipage,  mécontent  et  fatigué,  pour  amener  cet  
 énorme poids  à trois  brasses de i’écubier, lorsque  les  
 garcettes ayant manqué,  tout retomba  à quatre-vingt-  
 dix pieds  de  profondeur. 
 Confondu  de  ce  contre-temps,  je  recommençais  à  
 en  redouter  les  suites;  je  craignais  surtout  de  voir  
 notre cabestan,  cédant  à  des  efforts  aussi  violens,  
 voler en éclats. Mais nos matelots  se  piquèrent d’honneur; 
   ces  hommes,  qui  venaient  d’employer  deux  
 heures à la même manoeuvre,  l’exécutèrent celte fois  
 en moins de vingt minutes.  Le  câble  et  la  chaîne  furent  
 débrouillés, et cet accident se borna à la perte de  
 vingt brasses de la grande touée.  Enfin,  à sept heures 
 du  soir,  nous  fûmes  définitivement  amarrés  à  poste  1827. 
 avec  trente-deux brasses de  câble de  l’arrière  sur une  J"'""'- 
 ancre,  un grelin  de  l’avant  attaché à  un  arbre,  et par  
 le  ti'avers  à  bâbord  la  grosse  chaîne  passée  autour  
 d’un  rocher  de  la  plage. Tranquille  désormais  sur le  vi  civ. 
 salut de  T Astrolabe, ]e  pus  reposer plus  à mon aise. 
 Depuis neuf heures du matin,  quoique nuageux,  le  
 temps  avait  été  assez  beau;  il  faisait  même  calme  
 dans  notre  hâvre,  bien  qu’au  large  le  vent  souillât  
 encore  avec  force.  La  nuit  fut  belle. 
 Tandis  qu’il  se  promenait,  dans  l’après-midi,  le  
 long  de  l’île  aux  Cocos,  M.  Cuilbert  rencontra  un  
 caïman de  grande  taille.  Cette découverte nous  porta  
 à nous  tenir sur  nos  gardes  contre  la  surprise  de  ces  
 dangereux  animaux,  tout  en  nous  inspirant  le  désii-  
 de  voir le  squelette ou la peau  de  l’un d’eux accroître  
 nos collections d’histoire naturelle. 
 En  arrivant  au  mouillage,  j ’avais  fait  tirer  quelques  
 coups  de  canon  pour  annoncer  notre  présence  
 aux  habitans,  certain  que  ce  signal  ne  pourrait  pas  
 manquer de nous attirer leur  visite.