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 182;. l’usil de  chasse,  mais lui  laissa  ses habits et lui  promit  
 même  de  le  pi-otéger  contre  ceux  qui  voudraient  lui  
 faire du  mal.  Du  reste,  il  refusa  de le laisser  revenir  
 à bord et  voulut  le  ramener  chez  lui,  assurant  que  le  
 navire  avait été pris  ,  et  que j ’avais été  tué.  En ce moment  
 même,  Tahofa passait près  d’eux ,  et M. Dudemaine  
 courut  à  lui  pour  réclamer  son  assistance  et  
 obtenir  sa  liberté;  le  chef,  furieux,  ne  lui  fit  pas  
 d’autre réponse  que de  lui lancer  un vigoureux  coup  
 de poing.  Mais  le canot  approchait;  les insulaires ,  intimidés  
 ,  se  dispersèrent,  et  M.  Dudemaine,  ayant  
 réussi à leur échapper, put rallier nos  gens et  se joindre  
 à eux  pour  courir après  les  fuyards. 
 Au moment même de l’enlèvement du canot,  Jacon  
 avait  voulu  se  cacher  dans  les  broussailles ;  mais  les  
 naturels,  l’ayant  découvert,  le  firent  rallier,  le  dépouillèrent  
 complètement  et  le  contraignirent  à  les  
 suivre,  à force  de  coups  et de  menaces.  Toutefois  il  
 ne cheminait que  le  plus lentement qu’il  lui était  possible  
 ,  et il était resté à la queue des  fuyards ;  ceux-ci,  
 craignant  d’être  coupés  par  le  canot,  abandonnèrent  
 leur proie,  et  Jacon  recouvra sa liberté. 
 Quant au petit  Cannac, jeune  homme d’une  excellente  
 conduite et pour lequel j ’avais une  estime  et une  
 affection  particulières,  il avait  été  l’un  des  premiers  
 enlevé.  Dépouillé comme  les autres  de  ses  vêtemens,  
 il suivait aussi par force  les naturels dans leur retraite  
 précipitée.  En  apercevant M.  Dudemaine,  il  fondit  
 en larmes ,  et  se jeta aux pieds  des  naturels  pour les  
 attendrir.  Il  paraît  qu’en  ce  moment  Tahofa  en  eut 
 DE  L ’ASTKOLABE. 
 pitié,  e t ,  le  regardant  sans  doute comme un  enfant,  
 il  le  renvoya  après  lui  avoir  fait  jeter  une  chemise.  
 Cannac  ne  se  le  fit pas  répéter  deux  fois,  et courut  
 avec  M.  Dudemaine  vers  le  grand  canot.  Ce  trait  
 d’humanité de la part  de Tahofa  ,  dans  un  pareil moment, 
   me  frappa  singulièrement.  J’en conçus de  l’espoir  
 pour  nos  prisonniers,  aUendu  que  si  Tahofa  
 avait  eu  l’intention  de  les  maltraiter  ou  de  les  faire  
 périr,  il  n’aurait  pas  de  son  plein  gré  relâché  l’un  
 d’eux,  au moment où  il était  poursuivi de  si près  par  
 nos  gens.  Les  Français  qui  l'estaient  entre  les  mains  
 des  naturels  étaient  M.  Faraguet  et  les  matelots  
 Bellanger,  Grasse,  Bouroul,  Pveboul,  Fabry,  Martineng  
 et  Della-Maria.  Je  prévis  que  ce  serait  une  
 chose  fort  difficile  que  de  les  arracher  aux  mains  
 d’une  population  de  douze  ou  quinze  milles  ames,  
 dont  les  guerriers  étaient  courageux,  enlreprenans,  
 et habitués  depuis  long-temps  aux  effels  des armes  à  
 feu.  Plusieurs  d’entre  eux  savaient même manier ces  
 armes  avec  adresse,  et  l’on  comptait  une  soixantaine  
 de mousquets dans l’île. 
 Le  grand  canot  rentra  à  bord  à  trois  heures  e!  
 demie,  après avoir brûlé les habitations  des insulaires  
 sur  Pangaï-Modou  et Manima.  Aucun  naturel  n’était  
 resté sur  ces  îles ,  et  nos matelots  n’avaient  éprouvé  
 aucune  résistance.  Au  retour  du  canot  seulement,  
 nous  découvrîmes  que  le  matelot  Simonet  avait  déserté  
 pour  passer  chez  les  sauvages ;  et  i!  avait  dû  le  
 faire  peu  de  temps  avant  le  départ  de  Tahofa,  car  
 plusieurs  personnes  assurèrent  l’avoir  vu  le  long  du 
 1827. 
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