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Mai.
122 VOYAGE
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lés. Dans les deux expéditions de l’ Uranie el de la
Coqaüle,^ la première, dès sa seconde relâche, avait
laisse près du quart de son équipage au Brésil, et la
seconde, en moins d’un an, avait perdu quatorze
hommes de la même manière dans les nouveaux États
de l’Amérique méridionale. Les aventuriers qui s’étalent
embarqués sur l’Astrolabe comptaient pour la
plupart en faire autant, mais je déjouai leurs projets
en les transportant immédiatement par une traversée
de quatre mille lieues des rochers de Ténériffe aux
plages de l’Australie. L ’ordre et la discipline sévère
établis dans la colonie de la Nouvelle-Galles du Sud
n’offrirent pas à ces individus les mêmes attraits que
les Etats naissans de l’Amérique méridionale où le
plus mauvais sujet d’Europe peut se flatter de parvenir.
Plus résolus que les autres, deux seulement
désertèrent leur navire à Pori-Jackson, encore je
réussis à les faire rentrer à leur poste.
Le caracffire âpre et sauvage des Nouveaux-Zélaii-
dais, leur vie active et guerrière, surtout la nature du
climat et le régime frugal de ces peuples, convinrent
encore moins à nos matelots marrons. Je ne me dissimulais
point que, sous ce rapport, la relâche de
1 onga-Tabou devait offrir plus de dangers à la Mission.
Mais je ne comptais faire sur cette île que le
séjour rigoureusement nécessaire pour régler les moii-
ires, acheter des vivres frais, et remplacer l’eau cl
e bois consommés. O r , j ’avais calculé que cinq jours
me suffiraient pour ce triple objet. Cet espace de
temps était tellement limité, cl il eût été si activement
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employé, que nos marins n’eussent pas eu le temps
de songer à leur désertion, ou du moins d’en préparer
les moyens.
Les tristes journées passées sur les récifs, et la
relâche prolongée qui en était devenue la suite inévitable,
avaient complètement dérangé mes combinaisons.
Les matelots avaient eu tout le temps de
s’aboucher avec les chefs de Tonga; quelques-uns
connaissaient déjà plusieurs mots de la langue : d’ailleurs
les Anglais établis sur l’île ne demandaient pas
mieux que de servir d’interprètes aux uns et aux
autres. Quelques-uns de ces Anglais, déserteurs eux-
mêmes de leurs navires, encourageaient sans doute
les Français à suivre leur exemple, et peignaient leur
propre félicité sous de brillantes couleurs. Enfin les
chefs, jaloux d’attacher des Européens à leur service,
n’épargnaient ni promesses ni séductions pour les
engager h se fixer près d’eux. 11 n’en fallait pas tant
pour égarer des individus qui ne tenaient nullement
à leur patrie, qui n’avaient aucune sorte d’attachement
pour leurs officiers, et qui, en échange des dangers,
des fatigues, et des privations d’une longue et
pénible campagne, voyaient s’ouvrir devant eux la
perspective d’une existence douce et oisive, au sein
de toutes les jouissances matérielles. Le complot fut
tramé, et il est probable que plusieurs chefs y trempèrent,
puisqu’il parvint à la connaissance des missionnaires
établis à plus de dix milles de notre
mouillage.
Je ne pouvais douter de l’existence d’un complot ;
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