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 leurs avirons,  puis  le canot  fut  lancé au milieu  d’une  
 houle  vraiment  menaçante.  La  baleinière  résista  au  
 triple  choc  qu’elle  eut  à  subir ;  après  avoir  franchi  
 ce pas  difficile, nous voguâmes sur  une mer libre jusqu’au  
 navire,  où  nous  arrivâmes  à  cinq  heures  du  
 matin,  très-fatigués  de notre excursion. 
 Dans  la  courte  promenade  que  je  fis  ce  jour-là  à  
 Hifo,  j ’observai presque  tous  les végétaux  que j ’avais  
 déjà vus à Taïti  sur  le bord de la mer,  et de plus  quelques  
 espèces  des  Moluques  qu’on ne  trouve plus aux  
 îles  de  la Société.  H  y  a  aussi  à  Tonga-Tabou  quelques  
 espèces  de  papillons  et  même  d’insectes  qui ne  
 sont point à Taïti.  Les  casuarinas  qui  ombragent  les  
 faï-tokas  sont  chargés de  roussettes à  tête fauve,  qui  
 sans  doute  y  jouissent de  la protection  assurée  à  ces  
 inviolables asiles.  On voit  enfin voltiger en tous lieux  
 de  brillans  martins-pêcheurs,  de  charmantes  perruches, 
   de gracieuses  tourterelles  et de jolis  philédons. 
 Le  grand  canot étant  radoubé,  a  été remis à  l ’eau,  
 et la  baleinière  a été hissée à  son  tour pour être aussi  
 réparée.  La  chaloupe  a  encore  fait  deux  voyages  à  
 l’eau,  et notre provision  a  été presque complétée. 
 Il a régné  une  brise  d’E.  S.  E.  assez forte,  avec un  
 temps couvert et de  la pluie par intervalles.  Le  temps  
 ayant  paru  s’embellir  dans  la  soirée,  la  chaloupe  et  
 le grand  canot ont été munis de  tous  les objets nécessaires  
 pour aller à la recherche  des  ancres. 
 Les  naturels  continuent  de  se montrer  très-paisibles  
 ,  e t ,  ce  qu’il  y  a de  plus  extraordinaire,  il  n’y  a  
 pas encore eu de querelle  entre  eux  et  nos matelots. 
 11  est  vrai  que  je  ne  permets  l’accès  du  bord  qu’aux  
 principaux  chefs,  à  leurs  enfans,  et  à  un  très-petit  
 nombre  de  femmes.  Tahofa nous  tient  fidèle  compagnie; 
   mais  nous  voyons peu  ses  deux  confrères,  et je  
 n’en suis pas  fâché,  car ils ne feraient que nous importuner  
 dans  les  occupations  nombreuses  dont  chacun  
 de nous est accablé. Aujourd’hui MM. Gaimard, Sainson, 
   Pâris et Lauvergne  sont  allés  à Moua  où  Palou  
 leur  a  offert un  kava et les a accueillis  avec  politesse. 
 Ce  malin,  M.  Jacquinot  m’a  présenté  un  chef de  
 bonne mine nommé Finau, qu’il croyait fils du fameux  
 Finau de Mariner. Mais  celui-là a sur-le-champ récusé  
 la  parenté,  et  a  déclaré  au  contraire  qu’il  était  allé  
 mainte  fois  à  Hapaï  combattre  l’autre  Finau.  Celui  
 que nous  avions  à bord était  tout  simplement un chef  
 subalterne d’Oma, village du district de N ioukou-Lafa,  
 qui jouissait  au  reste  du  renom  d’un  brave  guerrier.  
 Il m’a  vendu  plusieurs  armes,  et  a  déployé dans  son  
 commerce beaucoup de  tact  et  de  sagacité. 
 Dès cinq heures et demie  du mâtin,  la chaloupe  et  
 le  grand  canot,  commandés  par MM. Gressien et Fa-  
 raguet,  sont  partis  à  la  recherche  de nos  ancres. 
 Le  ciel  s’est  couvert  vers  midi,  et  la pluie  a commencé. 
   Dans  la  soirée  et  pendant  une  bonne  partie  
 de la nuit qui  a  suivi,  elle  a tombé par  torrens. 
 Malgré ce mauvais  temps,  plusieurs  pirogues  sont  
 restées  autour du navire; Finau,  entre autres,  qui me  
 lait une cour assidue, ne nous  a quittés que le soir.  Il  
 avait  amené  avec  lui  deux  femmes,  qu’il me présenta  
 comme  étant  ses  proches  parentes.  L ’une  et  l’autre 
 1827. 
 Mai. 
 Pl.  LXIX. 
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