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1827.
Mai.
variés et les plus gracieux. Les rives de ce bassin
et les ilôts semés sur sa surface sont tapissés de la
végétation la plus riche. Enfin, les pirogues qui le
sillonnent dans tous les sens rendent la scène aussi
animée que pittoresque.
A dix heures, nous arrivâmes devant Moua. Bien
que j ’eusse fait tirer deux coups de pierrier pour
annoncer mon arrivée et témoigner ma considération
à Palou, ni lui ni aucun des chefs de quelque distinction
ne se trouva à l’endroit où nous débarquâmes ;
nous n’y fûmes reçus que par quelques hommes du
commun et une troupe d’enfans.
Cet accueil ne me parut point répondre à l’empressement
que les chefs m’avaient témoigné de me voir
parmi eux. Nous nous rendîmes directement à la résidence
de Palou, qui nous reçut entouré de ses femmes
et de ses mata-boulais. Il fit sur-le-champ servir le
Pl. Lxvin. kava avec les formalités d’usage, et s’efforça de prendre
avec moi un ton affectueux. Toutefois je remarquai
dans toutes ses manières un air d’embarras et
de gêne, une sorte de contrainte qui ne me parurent
•guère en harmonie avec sa gaîté et sa cordialité habituelles.
Quand j ’en témoignai ma surprise à Single-
ton, cet Anglais me répondit que Palou était dans
l’affliction, ayant perdu récemment un de ses enfans,
et se voyant encore menacé d’en perdre un autre
qui était très-mal en ce moment même. Cette raison
me parut si naturelle, que je ne fis plus d’attention à
la conduite de Palou.
On m’avait promis un copieux déjeuner à mon
arrivée chez Palou ; mais la cuisine était encore froide,
et il fallut me contenter de deux bananes et d’une
noix de coco. Après avoir terminé ce modeste repas,
je témoignai le désir de visiter le village de Moua et
les faï-tokas.
Singleton me conduisit d’abord au tombeau où
repose le célèbre Finau qui reçut Cook ; il consiste
tout simplement en un grand espace rectangulaire
entouré de pierres et couvert de gazon. Au centre se
trouve une chapelle ou oratoire que le temps a détruite
; tout près, un seul faï-toka d’une forme absolument
semblable à celui de Finau, contient les restes
de Tongou-Aho, de son frère Toubo-Malohi et de son
fils Toubo-Toa. Sur la même ligne, un peu au-delà de
ce dernier tombeau, et aujourd’hui presque enterré
dans les broussailles, se trouve celui de Tafoa, grand-
père de Mou-Mouï, et de sa soeur Foutchi-Pala. Ces
monumens sont mal entretenus, et seront bientôt tous
cachés sous les buissons et les arbrisseaux qui croissent
avec une grande rapidité sur ce sol fertile. Sur le
tombeau de Tafoa, nous observâmes plusieurs petites
effigies humaines en bois et grossièrement sculptées,
longues de deux pieds trois pouces. Les naturels qui
nous accompagnaient, tout en se tenant à une distance
respectueuse des faï-tokas qui sont éminemment
tabou, semblaient n’avoir aucune vénération
pour ces figures, et ne firent aucun effort pour nous
empêcher de les manier et même d’en emporter une
ou deux.
De là je fus conduit à la résidence de la tamaha,
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