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 1827.  silence,  et  je  surveillai  attentivement  l’homme  placé 
 Juillet.  ^  Barre. 
 Enfin,  après  huit ou dix minutes d’angoisses,  durant  
 lesquelles  T Astrolabe  sembla,  pour  ainsi dire,  
 immobile,  le  courant  la  poussa  dans  l’intérieur  du  
 hâvre,  et nous quittâmes la pointe fatale qui semblait  
 devoir être le  terme de nos longues caravanes  g 
 On se demandera sans doute ce qu’étaient devenus,  
 pendant ce temps, M.  Lottin et ses  compagnons? Le  
 mauvais  temps  avait  forcé  M.  Lottin  à  chercher  un  
 refuge dans l’anse située  sur la partie sud-est du hâvre 
 Carteret.  Comme moi, cet  officier  connaissait  les  rapides  
 courans  du  canal Saint-Georges,  et  il craignait 
 déjà que la corvette,  entraînée dans le nord, n’eût été  
 forcée de l’abandonner avec ses compagnons sur cette  
 terre  inhospitalière.  11  était  plongé  dans  ces  tristes  
 réflexions,  quand  il  fut  agréablement  surpris  par  la  
 vue  de  l’Astrolabe  qui  s’avancait  lentement  vers  le  
 milieu  de  la  baie.  Aussitôt  il  s’empressa de nous  rejoindre, 
   et  il  m’apprit  que  partout  où  il  avait  sondé  
 il  n’avait  pas  trouvé  moins  de  quarante  brasses  de  
 fond  2. 
 L ’île  Leigh  une  fois  doublée,  nos  craintes  cessèrent  
 , mais  nos  fatigues  ne  furent  pas  à leur  terme.  
 La brise  étant très-molle,  nous cheminâmes  très-lentement  
 dans  le canal. A  six heures le calme étant  survenu  
 ,  et  le courant  nous  portant  sur  les  brisans  de  
 l’île aux Cocos,  il  fallut  mouiller  et serrer  toutes  les 
 voiles.  Puis nous  travaillâmes  à  nous  affoiircher provisoirement  
 pour  la nuit.  Cette  pénible  opération dut  
 encore  s’exécuter  sous  des  torrens  de  pluie ;  l’équipage  
 ne put  se  coucher qu’à dix heures du soir, accablé  
 de  fatigues.  Pour  ma  part,  j ’étais  debout  sur  le  
 pont  depuis  trois  heures du  matin,  et j’étais complètement  
 exténué.  Dans cette pénible journée,  on  peut  
 dire sans  exagération  que  la  pluie  tombait  avec  une  
 telle  pesanteur,  qu’elle  nous  forçait  à  tenir  la  tête  
 courbée.  Les  cataractes  du  ciel  semblaient  ouvertes  
 et menacer le globe d’un  nouveau  cataclysme. Jamais  
 nos climats  n’offrent  rien  qui  puisse  être  comparé  à  
 ces  étonnans phénomènes. 
 La  pluie  continua de  tomber  toute  la nuit.  Cependant  
 elle  s’apaisa  au  point  du  jour,  et  se  réduisit à  
 des  grains  passagers  et  tolérables.  A   six  heures  et  
 demie  du  matin,  je  m’embarquai  dans  la  baleinière  
 pour aller  reconnaître  quel  serait  le  point  du  hâvre  
 Carteret  le plus  favorable pour y établir  l’Astrolabe.  
 Je reconnus bientôt que l’esquisse de Carteret est fort  
 inexacte.  Dans  l’anse du nord,  que j ’ai  appelée  anse  
 de  l’Aiguade,  on  ne  trouve  douze  ou quinze  brasses  
 de fond qu’à toucher même  le rivage ;  mais j ’y  découvris  
 un joli  ruisseau d’eau  douce,  où il était  facile de  
 faire notre eau.  Aux  environs  nous  remarquâmes  les  
 restes d’un radeau construit en branches  d’arbre grossièrement  
 travaillées. 
 Mes recherches ultérieures  eurent  pour résultat de  
 me  persuader  que  le  meilleur  mouillage  serait  une  
 petite  anse  au  nord-esl  de  l’île  aux  Cocos,  et  dis1  
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