bornes, une demi-divinité, autorité temporelle plus
ou moins étendue, baisemens de pieds et tributs universels.
Cependant à Tonga cette dignité n était point élective
, mais héréditaire, et il y a lieu de croire qu’elle
passait du frère aîné aux cadets pour retourner ensuite
aux enfans des aînés. La famille seule des Fata-Faï était
en droit de donner le touï-tonga, et jouissait de ce
privilège depuis un temps immémorial, comme l’attestaient
d’une part les traditions universelles, et de
l’autre les antiques faï-tokas de cette famille.
Quoique le touï-tonga soit sans contredit le premier
personnage de la nation, et que tout le monde soit
obligé de se prosterner devant lu i, il est pourtant
telle circonstance où il est à son tour obligé de rendre
le même devoir à des personnes de sa famille : par
exemple, lorsqu’il se trouve devant ses soeurs aînées,
les soeurs aînées de son père ou de son aïeul, et même
devant les descendans directs et légitimes de ces personnes.
Tels étaient Latou-Liboulou et sa soeur
Moungou-Lakepa lors du troisième voyage de C o o k ,
Tine lors du passage de d’Entrecasteaux, Fafme-Touï-
Tonga lorsque les premiers missionnaires s’établirent
a Tonga, Vea-Tchi du temps de Mariner, enfin Fafine-
Touï-Touga, Tamaha, Latou et Vea lors du passage
de l’Astrolabe.
Latou-Liboulou et sa soeur étaient les enfans d’une
soeur aînée du père de Poulaho; Tine et Fafine-Touï-
Tongaétaient les soeurs aînées de Poulaho; enfin Vea-
Tchi, Vea, Tamaha et Latou descendaient en ligne
directe de la soeur aînée de Poulaho. Ces privilèges
tenaient probablement à ce que la noblesse se transmettait
par les femmes. Il m’a semblé que les filles
aînées du touï-tonga prenaient le titre de tamaha, et
ce titre se transmettait à leurs filles aînées. C’est
aussi parmi elles que se choisit la touï-tonga-fafine,
dans le même ordre que le touï-tonga parmi les
hommes.
Après le touï-tonga, venaient les grandes charges
de touï-hata-kalawa, touï-kana-kabolo et hata, dans
lesquelles résidait presque toute l’autorité temporelle.
Les deux premières étaient civiles, et la troisième,
toute militaire, répondait à peu près au titre de généralissime
des guerriers. Il nous est impossible de définir
exactement leurs attributions, comme d’en tracer
les limites respectives. Tout cela d’ailleurs devait varier
suivant le caractère, l’âge et l’énergie particulière
de ceux qui les exerçaient. Ainsi l’on a vu dans notre
France, à diverses époques, les fonctions de maire du
palais, connétable, lieutenant du royaume, premier
ministre, e t c ., devenir plus ou moins importantes,
suivant les talens ou l’ambition des personnages qui
s’en trouvaient revêtus.
Du reste le titre de touï-hata-kalawa semblait être
tombé en désuétude dès avant la révolution qui
anéantit les prérogatives du touï-tonga ; on ne connaissait
plus guère que celui de touï-kana-kabolo
qui avait de fait absorbé preque toute l’autorité
temporelle dans les mains de Finau, Mou-Mouï et
Tougou-Aho, jusqu’à l’époque où ce dernier fut
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