VOYAG E
des morceaux carrés en les déployant. Les deux
bouts sont attachés d’une manière particulière avec
une fibre extraite du tissu de la feuille, et forment
ainsi une coupe d’une forme élégante.
Le kava une fois prêt, ce qui a lieu généralement
au bout de quinze ou vingt minutes, rhomme
du bol slécrie : Qpoiia ma f kava nri — le kava est
prêt. — Le mata-boulai répond : T a k a fiioit — verse-
le. — C’est le signal pour remplir les coupes. Deux ou
trois individus du cercle inférieur ou extérieur viennent
s’asseoir près du bol, apportant avec eux plusieurs
coupes. Un d’eux se lève, et des deux mains présente
une coupe à remplir, en ayant soin de la tenir au-
dessus du bol et d’effacer le corps, afin que les personnes
du cercle supérieur ne perdent aucun détail
de la cérémonie. Le préparateur plonge aussitôt dans
le liquide une partie du fo u roulée en paquet,
et l’exprime ensuite dans la coupe jusqu’à ce qu’il
en découle la quantité d’un tiers de pinte environ.
Celui qui tient la coupe se dérange un peu, la figure
tournée du côté du président. En même temps, un
de ceux qui sont occupés à chasser les mouches s’écrie
à haute voix ; i la v a jgoua Ijrka — le kava est versé.
— Le mata-boulai répond : 2ln()ui ma *** — donnez-
le à — en désignant le nom de celui qui doit
le recevoir. En entendant prononcer son nom, celui-
ci , à moins que ce ne soit le président, frappe deux
fois dans le creux de sa main pour indiquer le lieu
où il se trouve assis. Le porteur s’avance vers lui,
et lui présente la coupe en se tenant debout; cepenDE
L’ASTROLABE. 261
dant, s’il s’agit de servir un chef puissant et dans
une partie de kava du touï-tonga, l’homme qui présente
la coupe doit se tenir assis.
Voici maintenant l’ordre dans lequel doivent être
servis les divers individus de l’assemblée ; cet ordre
est la formalité la plus importante de la cérémonie ;
il exige toute l’attention du mata-boulai président.
Le chef placé à la tête du cercle reçoit ordinairement
la première ou la troisième coupe ; celle-ci
néanmoins lui est plus particulièrement due. La première,
suivant une vieille coutume en vigueur, est
adressée par le mata-boulai président à son confrère
assis de l’autre côté du chef, à moins qu’il ne se
trouve dans la compagnie un chef ou mata-boulai
d’une île voisine; alors, en sa qualité d’étranger,
on lui offre la première coupe. Si dans le cercle
se trouve la personne qui a fait présent du kava,
on lui fait l’honneur de la servir la première. Mais
si le kava n’est point un présent, et si deux ou
plusieurs étrangers d’un rang presque égal assistent
à la cérémonie, le mata-boulai, dans le doute louchant
celui à qui reviendrait la première coupe,
et pour éviter de choquer personne, envoie la coupe
au président, et c’est là l’unique occasion où celui-
ci peut la recevoir. Alors l’autre mata-boulai reçoit
la seconde coupe ; la troisième appartient au chel
du rang le plus élevé après le président, et ainsi
de suite, sans aucune hésitation , suivant l’ordre
des préséances. Ainsi le président a toujours la pre-
niière ou la troisième coupe, et le mata - boulai
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