1S27.
Octobre.
nous restait déjà au S. S. O . , c’est-à-dire presque
droit devant nous.
Le mot de cette énigme me fut donné par les observations
de longitude qui m’apprirent que d’un côté le
courant nous avait entraînés de près de vingt-deux
milles à l’O . S. O. dans les vingt-quatre heures qui
venaient de s’écouler, et que d’un autre côté la carte
d’Arrowsmith plaçait effectivement les terres de
Wetter à vingt-cinq milles trop à l’ouest par rapport
à Amboine.
11 a fallu me résoudre à suivre la route de la Coquille,
et à passer à l’ouest de Wetter ; en conséquence
j ’ai mis le cap sur l’île D o g , et à midi nous
étions à cinq milles environ au nord-ouest de cette île.
Au travers d’une brume fort épaisse, nous n’entrevoyons
qu’à peine les terres de Kambing.
Nous avons ensuite prolongé les côtes occidentales
de Wetter et de Babi, à deux lieues de distance au
plu s , doucement portés sur la mer la plus calme.
Toutes ces côtes, naturellement fort élevées et sillonnées
de ravins profonds, présentent en masse, vues
de la mer, un aspect aride et dépouillé de végétation. ■
Malgré la proximité où ces terres sont de l’équateur,
on ne reconnaît plus ces îles verdoyantes des Papous,
ni même celles des Moluques, où les forêts prédominent
encore, malgré de nombreuses clairières. Ici
l’oeil ne saisit plus que des arbres très-clair-semés sur
un terrain généralement nu ou couvert seulement
d’herbes fanées. Les rochers sont eux-mêmes dépouillés
de verdure. Est-ce au sol? est-ce à la main
dé l’homme que l’on doit atli’ibuer ces énormes différences?
Sans doute il n’appartiendra qu’à celui qui
visitera ces lieux de prononcer, mais je suis porté à
croire que cette sécheresse tient à la nature même
des terres. Il me semble que cette portion du grand
archipel d’Asie ou de la Malaisie s’éloigne peu à
peu de la prodigieuse fertilité des terres de la Polynésie,
de la Nouvelle-Guinée et des Moluques,
pour se rapprocher par degrés de la sécheresse des
terres de l’Australie et de la Nouvelle-Calédonie;
ces contrastes, suivant moi, se rattachent immédiatement
aux différences qui existent dans la constitution
géologique de ces mêmes terres.
En traversant ces îles, je me suis abstenu de tout
travail géographique. Elles ont été successivement
reconnues par MM. cl’Entrecasteaux, Freycinet et
Duperrey, et je pense que l’on peut désormais s’en
tenir aux déterminations de ces trois navigateurs. Il
m’a paru plus convenable de réserver le zèle des officiers
de l’Astrolabe pour des occasions plus importantes
, et je me suis contenté de tenir note de quelques
uns des résultats obtenus par nos montres.
Ce matin nous donnions dans le canal formé par
Ombai et Kambing, et nous prolongions la cote occidentale
de cette dernière à deux lieues de distance.
Le calme est survenu, avec une iorte chaleur,
des vapeurs épaisses suspendues comme un voile sur
les terres, et une houle bien prononcée du S. O. Cette
boule nous annonce que nous avons déjà quitté le paisible
bassin des Moluques pour ressentir les pénibles
1827.
Octobre.
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