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 DE  L ’ASTROLABE. 2 7 7 
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 d’autre  avantage  que  la  jouissance  d’une  propriété  
 plus  considérable  G 
 Aux  îles  Tonga ,  il  arrive  souvent cjue  les  femmes  
 reçoivent  le  titre  de  mère  de  la  part  d’enfans  ou  
 d’autres personnes  qui  leur  sont  étrangères.  Dans  ce  
 cas,  ces  femmes  sont  chargées  de  subvenir aux  besoins  
 et même aux  agrémens  de la vie de  leurs  enfans  
 adoptifs  ;  ces  enfans  à  leur  tour  témoignent  à  leur  
 mère  adoptive  toute  l’affection,  toute  la  déférence  
 et  les  égards  qui  sont dus  à  une  véritable mère.  Ces  
 adoptions  semblent  tenir  à une  vieille  coutume  dont  
 le  véritable  motif  est  aujourd’hui  ignoré  ;  attendu  
 que  ces  adoptions  ont  souvent lieu  ,  quand même les  
 adoptés  ont  encore  leurs  père  et  mère  et  semblent  
 être  à  l’abri  de  tout  besoin.  Il  est  probable  néanmoins  
 que ces coutumes avaient, comme jadis à Rome,  
 un  but  politique,  et  que  leur objet principal  était  de  
 resserrer  les  liens  d’une  affection  mutuelle  entre  la  
 famille de l’adoptant et celle de l’adopté. Toute femme  
 qui  adoptait  une  personne  d’un  rang  supérieur  au  
 sien  n’en  acquérait  pas  une  plus  grande  considération  
 dans la société ;  mais  celle qui  se mettait  au  service  
 d’un chef de distinction  avait droit à de nouveaux  
 égards  ,  attendu  qu’il  devenait  authentique  qu’elle  
 faisait  partie  de  la  suite  de  ce  chef 2. 
 Les enfans jouissent  dans  la  société du  même  rang  
 que  leurs  mères.  Le fds  d’un  chef,  quelle que  soit sa  
 dignité,  si la mère n’est que toua, ne  sera point noble 
 et prendra tout au plus le rang de moua. Au contraire,  
 l’enfant  d’une  femme  noble et d’un toua serait noble.  
 Mais  ce  cas  arrive  rarement,  attendu  l’orgueil  des  
 femmes de haute  extraction ;  et,  si  elles  se laissaient  
 aller  à  quelque  faiblesse  de  ce  genre  ,  elles  feraient  
 tous  leurs  efforts pour en  cacher les  suites. 
 Les  enfans  d’iine  haute  naissance  sont  un  peu  
 moins  respectés,  eu  égard  à  leur  bas  âge,  que  les  
 grandes  personnes ;  toutefois  les  chefs  seuls  d’un  
 rang  égal  ou  presque  égal  au  leur  pourraient  se dispenser  
 de  leur  rendre  les  hommages  qui  leur  sont  
 dus.  Ainsi,  lorsque Finau voyait un enfant  d’un  rang-  
 supérieur  au  sien  conduit  ou  apporté  près  de  lu i,  il  
 s’écriait  ;  —  Emmenez  cet  enfant,  et  ne  venez  point  
 m’ennuyer  avec vos  tabous,  —   ou  quelque chose de  
 semblable.  Mais  un  pareil  langage  eût  été  regardé  
 comme  fort  inconvenant  dans  la bouche d’un homme  
 d’un  rang inférieur  g 
 A  un  certain  âge,  les  enfans mâles  sont  circoncis,  
 ou  plutôt,  comme  le  remarque  Cook,  supercis;  car  
 on  se contente de leur couper  un  petit morceau  de la  
 partie  supérieure du prépuce  pour  l’empêcher  de jamais  
 recouvrir  le  gland.  Cette  opération  paraît  avoir  
 pour principe une  raison de propreté. 
 A  mesure  qu’ils  croissent en  âge ,  les  jeunes  garçons  
 des  chefs  se  forment  avec  les  fils des  mata-boulais  
 aux  divers  exercices  de  l’âge  viril.  Les  jeunes  
 filles,  sous  les  yeux de leurs mères et des  femmes de 
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 1  Wlarhicr,  I I ,  p,  (j5  et  suiv.  —  2  Mariner,  II,  p.  9 6   et  97 . 
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