Voici en résumé de quelle manière Mariner décrit
la cérémonie/«^« lahi, qui eut lieu pour lever un
tabou qui pesait depuis long-temps sur les provisions
à Vavao. D ’abord, la veille de la cérémonie, on
dressa aux quatre coins du malaï du touï-tonga quatre
énormes cages en bois de quatre pieds de largeur
sur chaque face, et de cinquante ou soixante pieds
de hauteur. Elles étaient formées de quatre pieux
fichés en terre, surmontés d’autres pieux, et contenus
de distance en distance par des traverses plus
minces. Le tout était réuni avec des morceaux d’écorce
y hibiscus.
Chacune de ces cages fut remplie d’ignames jusqu’au
faîte qui était occupé par le corps entier d’un
cochon à demi rôti.
En outre , on tua et l’on fit cuire à moitié trois ou
quatre cents cochons. Le jour suivant, ces cochons
furent transportés au malaï du roi, et déposés à
terre avec deux ou trois milliers d’ignames , en présence
du ro i, des eguis et de tout le peuple qui
s’était rassemblé dans cet endroit. Ces provisions
furent ensuite successivement portées près du malaï
du touï-tonga; quand on eut fini, le roi et les chefs
eux-mêmes s’y rendirent, mais ils restèrent confondus
avec le peuple, par respect pour le touï-tonga
qui présidait à la cérémonie. Tous ces objets furent
tour a tour apportés dans l’intérieur du malaï et
déposés sur plusieurs rangs devant le président.
Après quoi, leur nombre fut vérifié par les principaux
cuisiniers du louï-tonga et de Finau. el
énoncé à haute voix au premier de ces deux chefs.
Alors, une vingtaine des plus gros cochons el une
charge d’ignames furent transportées et déposées sur
le faï-toka du touï-tonga, distant de cinquante toises
environ du lieu delà scène. Puis le reste des provisions
fut distribué ainsi qu’il suit. Une colonne d’ignames
fut allouée au roi qui la fit emporter chez lui et
la distribua à son gré entre ses chefs et ses guerriers.
Une autre colonne fut distribuée entre Vea-Tchi et
deux ou trois autres chefs. La troisième fut offerte
aux dieux, toujours par l’entremise des prêtres, et la
quatrième devint le partage du touï-tonga. On ne
s’occupa point des ignames apportées en dernier lieu ;
le touï-tonga les garde ordinairement pour son usage
particulier et celui de ses gens. Les cochons furent
distribués, comme les piles d’ignames, en ayant
soin de donner une portion plus considérable aux
plus grands chefs qui les partagent entre les chei's
immédiatement au-dessous d’eux ; ceux-ci à leur tour
en font autant à l’égard de ceux qui dépendent de
leur autorité, de sorte que dans file chaque homme
peut avoir au moins une bouchée de porc et d’igname.
La cérémonie se termine par des jeux, des divertissemens
et des danses. De ce moment, le tabou cesse
d’exercer son effet sur les objets qui en étaient frappés.
Les cochons et les ignames déposés sur le tombeau
du touï-tonga, après y être restés plusieurs jou r s ,
sont partagés, par l’ordre de ce chef, entre tous ceux
qui en réclament une portion. De droit ces objets le-
vicndraicnl aux jirincipaiix chels; mais, comme ceux