
 
        
         
		I S 2 7 . 
 S o p lc in lf rc . 
 Une  heure  après,  les  pirogues  sonl  revenues  le  
 long  du  bord,  plus  nombreuses  que  jamais,  el  les  
 naturels ont recommencé leurs marchés avec la même  
 confiance  et  la même  sécurité cju’auparavant. 
 M. Gaimard avait,  au  premier abord, jugé l’état du  
 blessé  alarmant,  en ce que la pointe de  la  flèche avait  
 pénétré  près  des  poumons ; mais ,  en  examinant plus  
 attentivement la blessure, elle lui donna plus d’espoir.  
 Oukema a voulu voir la flèche et la blessure ;  après un  
 examen  sérieux,  il  a  prononcé  que  ce ne  serait rien.  
 Il nous  a  expliqué ,  avec beaucoup  de sagacité,  dans  
 quel cas de semblables blessures peuvent devenir dangereuses  
 et même mortelles. 
 Nous  avons  terminé  tous  les  préparatifs  nécessaires  
 pour que notre départ puisse avoir lieu  demain de  
 bon matin. Les naturels ont quitté  le navire foj-t tard,  
 et  le capitan  s’est retiré le dernier de tous, après avoir  
 fait  ses  adieux,  le  coeur  gros  de  soupirs.  Il  est  vrai  
 qu’il avait bu un peu  trop copieusement de l’eau-de-vie  
 (yak) dont  il  était  très-friand,  et ses  libations  avaient  
 pu  donner une nouvelle  énergie  à  sa tendresse. 
 Le  résultat  des  observations  de  M.  Jacquinot  a  
 placé notre observatoire de Doreï par  0° 61’ 43” Lat.  
 S.  et  131° 39’ 30” Long.  E.  Notre longitude diffère de  
 six  minutes  de  celle  de  M.  Duperrey,  et  cette différence  
 provient  d’une  part  de  ce  que  cet  officier  a  
 adopté pour  la  plus  occidentale  des  îles Mispalu  une  
 longitude plus  forte  que  la  nôtre,  et  de  l’autre  en  ce  
 ([u’il  a  trouvé  une  plus  grande  différence  que  nous  
 entre la  longitude de Mispalu et celle du  hâvre Doreï. 
 Des observations plus suivies el plus rigoureuses con-  
 cilleront par la  suite  ces  légères  différences. 
 Avant de  quitter Doreï,  nous  allons  présenter  ici  
 d’une  manière  succincte  le  résumé  des  observaUons  
 d’ailleurs  peu  complètes  que  nous  avons  pu  réunir  
 sur  les habitans  et  les  productions  de  cette  partie de 
 la Nouvelle-Guinée. 
 Bien que  Saavedra, Gaétan,  Schouten,  Tasman el  
 Dampier  eussent  tour  à  tour  exploré  quelques-unes  
 des parties  de  la  côte  septentrionale  de  la Nouvelle-  
 Guinée,  les relations de leurs voyages ne nous avaient  
 laissé que des notions  très-vagues  sur  les  habitans de  
 cette grandeterre. L’Anglais Forrest, qui visita lehâvre  
 Doreï  en  février  1775,  fut  le premier qui donna  aux  
 Européens des  renseignemens  exacts  et  détaillés  sur  
 les moeurs des Papous et sur les productions du pays.  
 Après  lui  le lieutenant de  vaisseau Duperrey visita  le  
 même  point  au  mois  d’aoôt  1824,  et  passa  quinze  
 jours  en  ce mouillage.  Les  officiers de  la Coquille levèrent  
 un plan  fort exact du hâvre et de ses environs,  
 et  les  naturalistes  de  l’expédition  recueillirent^  une  
 foule  de  matériaux  pour  la  science  dans  les  régnés  
 divers  de  la  nature.  Quant à ce  qui  a trait  aux  relations  
 des  Français  avec  les  Papous ,  et aux  observations  
 recueillies  sur  le  compte  de  ces  insulaires,  le  
 public attend encore la relation de M.  Duperrey. 
 Le hâvre de Doreï  se  trouve  immédiatement  situe  
 au  sud du cap  Mamori,  qui  forme  la pointe occidentale  
 la  plus extérieure de l’entrée de la grande baie du  
 Geelwink.