opérer le dégageinenl du sang extravasé qui pourrait
s’étre amassé dans cette cavité par suite de contusions
ou de blessures, ou pour en extraire la pointe barbelée
d’une flèche rompue. Marinei’ raconte avec les
détails les plus scrupuleux une de ces dernières opérations
exécutées avec la plus grande habileté : bien
que les instrumens dont on fit usage se réduisissent
à un morceau de bambou et à un éclat de coquille,
elle (ut suivie du succès le plus complet. La plaie fut*
guérie en six semaines, et au bout d’un an le patient
se porta aussi bien qu’il eût jamais fait. Cependant la
flèche était entrée dans le côté droit, entre la cinquième
et la sixième côte, à un pouce au-dessous de
la mamelle ; elle avait rompu à trois pouces de la
pointe, au troisième rang de barbes , et l’on ne pouvait
pas même en sentir le bout avec le doigt en sondant
la blessure.
Pour le gaita, ou tétanos, auquel ces naturels
sont très-sujets, ils ont recours au toko-losi, qui consiste
à passer un roseau mouillé de salive dans l’urètre
du malade ; il en résulte une irritation violente et
une forte hémorragie. Si le spasme est très-violent,
ils pratiquent un séton dans ce canal en y passant un
fil doublé et attaché au bout d’un roseau ; quand l’opé-
raleur sent ce bout dans le périnée , il y fait une incision
pour saisir le bout du fil et retirer le roseau.
Alors un des bouts du fil pend à l’orifice de l’ui’è tre,
et l’autre par l’orifice artificiel. Cela fait, on tire de
temps en temps le fil d’un côté ou de l ’autre, ce qui
produit une douleur violente et une grande décharge
D E L ’A S T R O L A B E .
de sang. Mariner vit pratiquer cette opération plusieurs
fois, mais seulement une fois pour le cas de
tétanos, par suite d’une blessure au pied, toujours
avec un égal succès. L ’effet de cette opération est de
produire, outre la souffrance, une tuméfaction considérable
du pénis, mais elle s’apaise par degrés et
disparaît au bout de cinq ou six jours ; l’ouverture
artificielle se guérit aussi d’elle-même et sans aucune
difficulté. Les habitans de Tonga ont appris cette
opération du toko-losiàe& naturels de V iti, et ils la
pratiquent encore pour les blessures au ventre et pour
l’état de langueur dans tout le système.
Ces hommes sont encore sujets à l’engorgement
des testicules, el ils pratiquent quelquefois l’opération
du boka, ou castration. Une forte ligature est exécutée
sur la partie supérieure du scrotum pour fixer
l’organe malade ; une incision est faite avec un bambou
tranchant, suffisante pour laisser passer le testicule.
Celui-ci étant dégagé de ses enveloppes cellulaires
, la corde est coupée, on laisse couler le sang, et
l’opération est faite. La blessure extérieure est tenue
ouverte avec une compresse de feuilles de bananier,
que l’on renouvelle jusqu’à ce que l’écoulement ait
cessé, et le scrotum est soutenu par un bandage. Mariner
eut connaissance, durant son séjour, de sept
opérations de cette nature, dont trois eurent lieu sous
ses yeux ; dans aucune le patient ne mourut. Dans
l’une d’e lles, il y eut cela d’extraordinaire, que le malade
, dans un accès de désespoir, fit lui-même l’opération,
puis il tomba sans connaissance. Il en fut
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