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 1827. 
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 de celte pointe.  Un  temps  maniable  nous  eût  permis  
 de  poursuivre  sans  peine  cette  exploration  ;  mais  le  
 ciel  se chargeant de plus en plus ,  il  fallut  encore reprendre  
 le  large.  Triste  destinée  qui nous  condamne  
 chaque jour  à  nous  éloigner de la te rre,  aussitôt que  
 nous  avons  pu  nous en  rapprocher  un  instant !  C’est  
 le  supplice  de Tantale.... 
 Dans  la  journée  suivante  ,  la  pluie  a  été  à  peu  
 près  continuelle,  le  ciel  ne  s’est  pas  éclairci  un  seul  
 instant, et nous n’avons pu revoir la terre d’aucun côté.  
 Nous  avons  dû  borner  nos  efforts  à  nous maintenir  
 autant  que  possible an même  endroit,  sauf l’effet des  
 courans qui  varient  à  chaque  instant et qu’il  est presque  
 impossible  de  prévenir. 
 A  cinq  heures  et  demie  du malin,  le  temps paraissant  
 un peu moins mauvais et la mer moins dure, nous  
 avons  laissé  arriver successivement  à l’O.  'ù  S- O .,  à  
 rO . ,   à  rO .  'U  N.  O .,  et  même  à  l’O.  N.  O.  Par  
 momens  la  terre  se montre dans le  N.  et  le  N.  O .,  à  
 grande  distance et d’une manière très-confuse.  Toutefois  
 elle paraît offrir une côte  continue  et  sans  interruption. 
 Midi  passe  sans  que  nous  puissions  obtenir  d’observations  
 ,  et  les  grains  deviennent  fréquens  el  violens. 
   A   une  heure  et  demie,  un  cap  (la  pointe  Bee-  
 chey)  se  montra  tout-à-coup,  à moins  de  dix milles  
 de  l’avant;  nous  gouvernâmes  alors  à  TO.  et  peu  
 après  à l’O.  S.  O .;  à  cinq  heures  du  soir,  nous  nous  
 trouvions  directement  au  sud et  à neuf milles de distance  
 d’une pointe  élevée,  escarpée,  très-prononcée 
 et qui me parut  devoir  se  rapporter  à la partie  orientale  
 du  port Montagu  de  Dampier  ;  aussi  je  lui  imposai  
 le  nom de  cet  infatigable  navigateur. 
 En  effet,  plus  à l’ouest,  on  voit  un  enfoncement  
 très-marqué  ,  qui  doit  être  le  port  Montagu  lui-  
 mème, avec  trois îles de diverses grandeurs, dont une  
 est  remarquable  par  sa  forme  conique.  Le mauvais  
 temps  ne  me  permit  point  de  tracer  avec  plus  de  
 détails  celte  partie  importante  de  la  Nouvelle-Brela-  
 gne  ;  j’en  vis  néanmoins  assez pour m’assurer que  la  
 côte  est partout  continue,  et  pouvoir  presque  affirmer  
 qu’il n’existe point de passage en cet endroit, bien  
 que  la  terre  s’y  trouve  encore  réduite  à  une  langue  
 fort  étroite. 
 A  la nuit,  le vent ayant passé au S.  E ., je suis venu  
 au plus près bâbord amures.  La mer s’est sensiblement  
 embellie,  le  ciel  s’est  éclairci,  la  lune  et  les  étoiles  
 ont brillé d’un  éclat  inaccoutumé,  et je me  suis  flatté  
 de  l’espoir d’un  changement  de  temps.  Cette  illusion  
 a  été  de  courte  durée.  Dès  dix heures ,  le  ciel  s’est  
 assombri  de  nouveau  de  toutes  parts,  et  les  grains  
 ont  recommencé  comme  de  plus  belle.  Des  rafales  
 de  vent  très-violentes  ont  été  accompagnées de  torrens  
 de  pluie.  Jusqu’à  onze  heures  du  matin  du  
 jour  suivant,  on  eût  dit  qu’un  nouveau  déluge menaçait  
 de faire  disparaître les terres  du  globe.  Il  faut  
 avoir,  comme nous,  pratiqué ces parages  et dans  les  
 mêmes  circonstances,  pour  se  faire  une juste idée de  
 ces  incroyables  averses  ;  il  faut,  en  outre,  avoir  à  
 exécuter  des  travaux  semblables  à  ceux  qui  nous 
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