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de celte pointe. Un temps maniable nous eût permis
de poursuivre sans peine cette exploration ; mais le
ciel se chargeant de plus en plus , il fallut encore reprendre
le large. Triste destinée qui nous condamne
chaque jour à nous éloigner de la te rre, aussitôt que
nous avons pu nous en rapprocher un instant ! C’est
le supplice de Tantale....
Dans la journée suivante , la pluie a été à peu
près continuelle, le ciel ne s’est pas éclairci un seul
instant, et nous n’avons pu revoir la terre d’aucun côté.
Nous avons dû borner nos efforts à nous maintenir
autant que possible an même endroit, sauf l’effet des
courans qui varient à chaque instant et qu’il est presque
impossible de prévenir.
A cinq heures et demie du malin, le temps paraissant
un peu moins mauvais et la mer moins dure, nous
avons laissé arriver successivement à l’O. 'ù S- O ., à
rO . , à rO . 'U N. O ., et même à l’O. N. O. Par
momens la terre se montre dans le N. et le N. O ., à
grande distance et d’une manière très-confuse. Toutefois
elle paraît offrir une côte continue et sans interruption.
Midi passe sans que nous puissions obtenir d’observations
, et les grains deviennent fréquens el violens.
A une heure et demie, un cap (la pointe Bee-
chey) se montra tout-à-coup, à moins de dix milles
de l’avant; nous gouvernâmes alors à TO. et peu
après à l’O. S. O .; à cinq heures du soir, nous nous
trouvions directement au sud et à neuf milles de distance
d’une pointe élevée, escarpée, très-prononcée
et qui me parut devoir se rapporter à la partie orientale
du port Montagu de Dampier ; aussi je lui imposai
le nom de cet infatigable navigateur.
En effet, plus à l’ouest, on voit un enfoncement
très-marqué , qui doit être le port Montagu lui-
mème, avec trois îles de diverses grandeurs, dont une
est remarquable par sa forme conique. Le mauvais
temps ne me permit point de tracer avec plus de
détails celte partie importante de la Nouvelle-Brela-
gne ; j’en vis néanmoins assez pour m’assurer que la
côte est partout continue, et pouvoir presque affirmer
qu’il n’existe point de passage en cet endroit, bien
que la terre s’y trouve encore réduite à une langue
fort étroite.
A la nuit, le vent ayant passé au S. E ., je suis venu
au plus près bâbord amures. La mer s’est sensiblement
embellie, le ciel s’est éclairci, la lune et les étoiles
ont brillé d’un éclat inaccoutumé, et je me suis flatté
de l’espoir d’un changement de temps. Cette illusion
a été de courte durée. Dès dix heures , le ciel s’est
assombri de nouveau de toutes parts, et les grains
ont recommencé comme de plus belle. Des rafales
de vent très-violentes ont été accompagnées de torrens
de pluie. Jusqu’à onze heures du matin du
jour suivant, on eût dit qu’un nouveau déluge menaçait
de faire disparaître les terres du globe. Il faut
avoir, comme nous, pratiqué ces parages et dans les
mêmes circonstances, pour se faire une juste idée de
ces incroyables averses ; il faut, en outre, avoir à
exécuter des travaux semblables à ceux qui nous
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