et dans une cage plus petite, se trouve une femelle
qui fait aussi un bruit particulier, comme pour répondre
au mâle. Ce manège attire les oiseaux de la même
espèce sur le terrain, et le chasseur s’amuse à les
tuer à coups de flèche. Il est aisé de voir que ce divertissement
ressemble beaucoup à celui que les habitans
du midi de la France nomment chasser aa simoun G
Mariner ajoute que le roi seul et les premiers chefs
peuvent se procurer ce divertissement, attendu que
l’éducation et l’entretien des kalaï exigent de grands
soins et beaucoup de frais. Un homme est chargé de
la garde de chaque couple de ces oiseaux , et n’a rien
autre chose à faire que de les instruire et de les soigner.
Ces gardes ont le droit de réclamer, pour l’entretien
de ces oiseaux, toute espèce de nourriture de
la part des sujets du chef auquel ils appartiennent,
quelle que soit d’ailleurs la gêne et souvent la privation
qui en résulte pour ceux que frappe cette espèce
d’impôt. Ces gardas vivent dans l ’abondance et sont,
fort insolens, car ils profitent des prérogatives de leur
charge pour pressurer et torturer les paysans sous
le prétexte de se procurer des vivres pour leurs oiseaux.
Quelquefois le paysan, vexé, se plaint au chef,
qui châtie le coupable en lui appliquant de fortes claques
sur le dos n u , ou en lui distribuant des coups
de poing sur la tête et le visage.
Cq fana-gouma, ou la chasse au r a t , n’est interdite
qu’aux touas, et c’est une partie de plaisir où plusieurs
individus sont toujours réunis. Lorsqu’une société
veut se donner ce divertissement, elle a soin
d’envoyer des hommes charges de semer de l’appât
sur le terrain où la chasse doit avoir lieu. Cet appât
consiste en noix rôties que les serviteurs broient
entre leurs dents et jettent par terre tout en faisant
route. En même temps, en guise de tabou, ils placent
dans les sentiers des morceaux de bois d’une façon
particulière, afin d’empêcher ceux qui pourraient suivre
accidentellement ces sentiers de venir déranger
les rats occupés à manger l’amorce et troubler par
conséquent la chasse.
Cela fait, et dix minutes environ après que les distributeurs
d’appât, nommés boiihi, sont partis, les
chasseurs, qui forment deux bandes, se mettent en
route, marchant sur une seule file et munis d’arcs
et de flèches. Les hommes de chaque parti se trouvent
entremêlés de manière à ce que le chef le plus
éminent soit généralement en tête; après lui vient le
chef de l’autre parti, et ainsi de suite en alternant
toujours.
En chasse, chacun ajuste les rats qu’il voit à sa
portée ; toutefois le premier de la file peut seul tirer
sur un rat placé devant lu i, tous les autres ne peuvent
tirer que sur les rats placés en travers ou der-
rière eux. Quiconque a tiré un coup , qu’il ait tué ou
non l’animal, est obligé de changer de place avec celui
qui le suit ; de sorte qu’au bout d’un certain temps
l’ordre primitif est entièrement changé. Le parti qui
a le premier abattu dix rats a gagné.