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 Juin. 
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 ses,  les  pommettes  saillantes,  les  cheveux crépus,  la  
 barbe du menton longue,  la peau plus ou moins noire,  
 le  lobe  des  oreilles  percé  d’un  large  trou  et  dilaté  à  
 l’excès,  le  signe  de  l’étonnement  exprimé  en  posant  
 les doigts  sur  la bouche,  puis  en  les  secouant  de manière  
 à  les  faire  claquer,  les  coquillages  portés  en  
 colliers  et  en  bracelets,  les  arcs  et  les  flèches,  
 enfin  les  grands  pots  en  terre  pour  conserver  le  
 feu.  Du  reste  ces  insulaires  étaient  en  général  de  
 beaux hommes  dans  leur  race,  assez  propres,  et peu  
 d’entre  eux  étaient  lépreux.  Leurs  cheveux  étaient  
 pommadés  et  poudrés  à  blanc,  rouge,  gris  et  noir,  
 suivant  le  goût  des  divers  individus.  Point  d’autre  
 vêtement  qu’une  large  bande  d’une  étoffe  roulée  en  
 forme  de  maro  autour  de leur ceinture,  uniquement  
 pour couvrir les parties  naturelles.  Pourtant ils nous  
 apportèrent  et nous vendirent  des  pièces  entières de  
 ces  étoffes,  les  unes  tout-à-fait  blanches,  les  autres  
 lustrées  et d’une  fabrication semblable  aux  étoffes de  
 Pl. xcvii  Tonga.  Leurs pirogues  sont  aussi  semblables  à celles  
 et ccxLi.  ¿g  gg  dgrnier  archipel, mais  plus  grossières  et  plus  
 maladroitement  manoeuvrées.  La  curiosité  nous  parut  
 être  l’unique  sentiment  qui  attirât  ces  naturels,  
 car  sur plus  de  quinze pirogues  qui parurent  le  long  
 de la corvette,  une ou deux seulement portaient quelques  
 corbeilles d’ignames,  que leurs possesseurs  remportèrent  
 à terre,  attendu  qu’ils ne demandaient rien  
 moins qu’un couteau pour  chaque igname. 
 Le  chef d’un  village de la côte  nommé  Nanrongha  
 monta  à bord avec plusieurs de ses guerriers. 
 D E   L ’A S T R O L A B E . 447 
 Ce  chef,  dont  la  taille  atteignait  cinq  pieds  huit  
 pouces et demi,  était  très-bien proportioné,  sa figure  
 était  vraiment  belle ;  son  maintien,  ses gestes  et  ses  
 manières avaient une  sorte  de dignité calme,  noble  el  
 pleine  de  douceur  et  de  politesse.  Il  passa  presque  
 toute  la  journée  à  b o rd ,  où  par  sa  conduite  et  ses  
 procédés,  il  ne cessa d’avoir droit  à notre estime  et  à  
 notre bienveillance. 
 Les  autres naturels  semblaient  avoir  beaucoup  de  
 déférence  pour  lui;  quand  il  leur  arrivait  de  vouloir  
 faire  quelque  chose  qui  ne  fût  pas  convenable,  un  
 mot ou  un  signe  de  sa  part suffisait  pour  les  arrêter.  
 Cependant  cette  obéissance  de  leur  part  semblait  
 plutôt  dériver  d’un  sentiment  volontaire  de  vénération  
 pour  la  personne  d’Ounong-Lebou,  que  d’aucune  
 autorité positive de  la part de  ce chef. 
 I l nous  apprit que l’île que nous venions  de  découvrir  
 la  veille  se  nommait  Vatou -Le le ,  qu’elle  était  
 bien  peuplée,  et  il  ajouta qu’il  s’y trouvait encore  nn  
 blanc échappé au naufrage de l’E liza , qu’ils nomment  
 Otiale; mais  cette  assertion fut ensuite démentie par  
 d’autres  sauvages. 
 Le  peuple  d’Ounong-Lebou  est  en  guerre  avec  
 celui d’Imbao. Dans cette partie de l’île,  il n’y a aucun  
 Européen.  11 n’y avait point  non  plus de bois  de  sandal  
 ,  iassi,  et  ce  bois  ne  vient  que  sur Boua  ou Vanoua 
 Lebou.  Viti-Levou  est  une  terre  plus  grande,  
 surtout  plus large que Vanoua-Lebou. 
 Ces insulaires ne connaissent  que trois nations,  les  
 Kaï-Bitis, les Kaï-Tongas et les Kaï-Papalings. Ils n’ont 
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