1827.
Mai.
ri. L x x ix .
située dans une position fort agréable au bord de
la mer, dans le petit village de Palea-Mahou. La
lamaha, dont le nom propre est Faka-Kana, entourée
de ses femmes et de ses proches parens, me reçut
avec la plus aimable politesse; c’est une femme de
cinquante-cinq à soixante ans, qui a dû être très-bien
dans sa jeunesse, et qui conserve encore les traits
les plus réguliers , les manières les plus aisées, et je
dirai même un mélange de grâces, de noblesse et de
décence bien remarquable au milieu d’un peuple sauvage.
Sur le rapport que m’avait fait Singleton, c’était
d’elle que j ’attendais les renseignemens les plus précis
, et je ne fus point trompé dans mon attente. Aux
nombreuses questions que je lui adressai, elle répondit
constamment avec une complaisance soutenue,
une sagacité et une précision parfaites. Je vais donner
ici la substance des réponses que j ’obtins de cette
femme.
Elle se rappelait avec beaucoup de satisfaction le
passage des vaisseaux de M. d’Entrecasteaux qu’elle
avait souvent visités avec sa mère, veuve du louï-
tonga Poulaho. Le nom de Tinee que donna ce navigateur
a la soeur aînée du même Poulaho, qui
occupait alors le premier rang dans Tonga, s’est
trouvé d’abord inconnu non-seulement de la tamaha,
mais encore de tous ceux qui se trouvaient présens à
notre entretien. Il paraît cependant qu’il aurait eu
rapport à Tineï-Takala qui avait alors le rang de
touï-tonga-fafine. Cette dame était la mère de Vea-
Tchi, et par conséquent l’aïeule de Vea. Sa soeur
cadette Nana-Tchi, qui n’a pas moins de soixante-dix
ou quatre-vingts ans, a succédé à sa dignité suprême
et demeure à Nougou-Nougou.
La tamaha ne se souvenait que confusément des
vaisseaux de C ook, n’ayant alors que neuf ou dix
ans, ce qu’elle m’exprimait en me montrant une jeune
fille de cet âge ; mais lors du passage de d’Entrecasteaux
, elle était déjà une grande personne.
Alors je voulus savoir si, entre Cook et d’Entrecasteaux,
il n’était pas venu d’autres Européens à
Tonga. Après avoir réfléchi quelques momens, elle
m’expliqua très-clairement que, peu d’années avant le
passage de d’Entrecasteaux, deux grands navires
semblables aux siens, avec des canons et beaucoup
d’Européens, avaient mouillé à Namouka où ils étaient
restés dix jours. Leur pavillon était tout blanc et
non pas semblable à celui des Anglais. Les étrangers
étaient fort bien avec les naturels : on leur donna une
maison à terre où se faisaient les échanges. Ln naturel
qui avait vendu, moyennant un couteau, un coussinet
en bois à un officier, fut tué par celui-ci d’un
coup de fusil pour avoir voulu remporter sa marchandise
après en avoir reçu le prix. Du reste, cet
incident ne troubla point la paix, attendu que le
naturel avait tort en celte affaire Les vaisseaux de
Lapérouse furent désignés par les naturels sous le
nom de Louadji, de même que ceux de d’Entrecas-
leaux le furent sous celui de Selenari. J’ai déjà rendu
compte de l’origine de cette dernière désignation;
mais il m’a été impossible de découvrir celle du mol
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