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 1827. 
 Juin. 
 en  vue  des  terres ;  je  complais  même  l’étendre  jusqu’aux  
 îles  situées  à  l’ouest  et  sur  le  parallèle  de  
 Vanoua-Lebou. 
 Mais,  à  sept heures,  nous  remarquâmes  le  long  du  
 bord  un  clapotis  irrégulier  et  très-marqué  dont  le  
 mouvement  augmentait  en  s’approchant  du  récif.  A  
 sept  heures  dix-neuf minutes,  la  vigie  s’écria  que  
 la  couleur  du  fond  avait  changé ;  au  même  instant,  
 j ’aperçus  tout  autour  de  la  corvette  des  pâtés  de  
 coraux dont quelques-uns semblaient s’élever à quatre  
 ou cinq  brasses du niveau  des  eaux.  Aussitôt je  laissai  
 porter à l ’O.  S.  O.  pour m’écarter à angle droit de  
 la direction du récif. 
 La  sonde  signala  d’abord  dix  brasses;  le moment  
 d’après,  elle ne donna point de fond à  trente brasses,  
 et les coraux avaient  disparu. 
 Nous  venions  de  traverser  un banc  dangereux  qui  
 s’étend  à  six  ou  sept milles,  e t  peut-être  davantage,  
 à  l’ouest  des  îles  que  nous  venions  de  reconnaître.  
 Cette rencontre  imprévue m’avait  forcé de m’éloigner  
 sous  le  vent  de  ces  terres ;  elle me décida  à  terminer  
 sur  ce  point  l’exploration  des  îles Viti.  Il m’eût  fallu  
 perdre  beaucoup  de  temps  pour me  rapprocher  des  
 terres,  et peut-être m’eût-il été  impossible d’y  réussir  
 contre  le  vent  et  les  courans  du  S.  E . ,  habituellement  
 régnant  dans  ces  parages.  En  conséquence,  
 à huit  heures,  nous  fîmes  une  dernière  station  géographique  
 en  vue  de  l’archipel  Viti ;  puis,  à  l’aide  
 d’une jolie  brise du  S.  S.  E . ,  nous  cinglâmes  à  l’O.  
 S.  O.  pour nous diriger  vers les îles Loyalty. 
 Il  est  très-vraisemblable  que  les dernières  iles que  
 nous  venions  de  rencontrer  dans  l’ouest  de  Viti-Levou  
 ,  devaient  être  identiques  avec  les  îles  signalées  
 par  Barber  et  par  Maitland.  Mais  leurs  positions  
 étaient  fort  incorrectes,  tandis  que  nos  déterminations  
 de  longitudes  sont  immédiatement  liées  avec  
 la position  de  Tonga-Tabou,  el  les  erreurs  relatives  
 de  ces  longitudes  doivent  être  resserrées  dans  les  
 limites  les plus  étroites. 
 Ainsi  se  termina  pour  nous  la  pénible  reconnaissance  
 des  îles  Viti  :  elle  avait  duré  dix-huit  jours  
 entiers  ,  e t ,  durant  les  quatorze  premiers  ,  nous  
 avions  été  continuellement  contrariés  par  de  gros  
 temps,  un  ciel couvert et une mer houleuse.  Tout en  
 nous  exposant  aux  dangers  les  plus  imminens,  ces  
 fâcheuses circonstances nous  ont empêché d’accorder  
 à  nos  travaux  la  précision,  et  surtout  le  développement  
 que nous eussions désiré leur donner.  Toutefois  
 nous  avons  lieu  de  nous  flatter  de  l’espoir  que,  tels  
 qu’ils  son t,  ils  mériteront  l’estime  et  l’intérêt  des  
 navigateurs  el  des  géographes.  Qu’une nouvelle  expédition  
 exécute  dans  la  partie  du  nord  des  travaux  
 semblables  à ceux de  l’Astrolabe  sur  la  partie méridionale  
 des  îles  V iti,  et  il  restera  peu  de  choses  à  
 désirer  sur  ce  coin  de  l’Océanie.  Enfin,  nous  rappellerons  
 au lecteur que,  sans  les pertes essuyées sur les  
 récifs  de  Tonga-Tabou,  nous  n’eussions  point  quitté  
 cet  archipel  important  sans  étudier  avec  attention  
 les moeurs  et les  institutions  de  ses habitans,  comme  
 les  productions  diverses  de  son  sol.  Nous  avons  dû 
 1827. 
 J uin.