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s’étaienl trouvés répartis entre différens chefs qui les
avaient aussitôt emmenés chacun chez eux; ils n’avaient
ensuite été conduits à Mafanga que lorsque
Tahofa vit que j ’allais attaquer sérieusement cette
place.
Dans le principe, animés par les promesses de
Tahofa, par la conscience de leur nombre qui ne montait
pas à moins de trois mille combattans, par la
quantité prodigieuse de leurs munitions de guerre en
tout genre, et surtout par la mort du caporal Richard
, malgré favis de plusieurs chefs, les naturels
ne voulaient nullement entendre parler de rendre
leurs prisonniers. Ils avaient même conçu le hardi
projet de s’emparer du bâtiment. Pour cela, ils se
proposaient d’abord d’attirer le grand canot à terre
par quelque ruse, et de tomber sur les officiers et les
marins qui le monteraient. Puis quand ils auraient
jugé l'équipage suffisamment affaibli, ils auraient attaqué
la corvette elle-même, et s’en seraient rendus
maîtres. Dans les pi’ojets de ces braves gens, M. Jacquinot
et moi nous étions particulièrement voués à
une mort certaine, tant pour se venger de l’attention
que nous avions constamment apportée tous les deux
à les chasser du navire , quand ils s’y introduisaient
clandestinement, que par l’opinion générale parmi
eux , qu’une armée privée de ses premiers chefs n’est
plus à redoute]’ .
Le temps, l’ennui, la crainte et sans doute la pluie
à laquelle ils furent exposés durant trois jours, refroidirent
beaucoup leur humeur belliqueuse. Les
chefs réfléchirent sérieusement aux suites de cette
guerre ; ils sentirent que la ruine complète de Mafanga
, le sanctuaire de leur religion, en serait une des
moindres conséquences. L ’homme tué par un éclat de
mitraille, et la crainte des bombes dont je les avais
menacés, frappèrent leurs esprits d’épouvante. Divers
chefs qui n’avaient eu aucune part à l’attentat de
Tahofa ni aux fruits cju’il en avait retirés, lui firent
de fortes représentations. 11 y eut de longues conférences
et des conseils sans fin , auxquels nos hommes
étaient souvent appelés pour être interrogés sur nos
forces et mes intentions présumées. Enfin Tahofa fut
obligé de céder au voeu de ses collègues , et il fut arrêté
que tous les captifs me seraient rendus, même
sans rançon.
Comme on n’avait jamais touché la corde de la
rançon , j ’avais cru que les naturels n’y avaient point
songé; mais j ’appris qu’elle avait été proposée par
Tahofa dans les questions adressées aux Français.
Les menaces foudroyantes que j’avais faites, par l’organe
de Singleton, empêchèrent Tahofa de donner
suite à cette proposition.
11 y avait quelque apparence que Singleton,
comme je le lui avais recommandé, aurait essayé de
semer la division entre les chefs Palou, Toubo, Faka-
Fanoua d’une part, et Tahofa de l’autre, en promettant
aux premiers l’appui de mes armes contre leur
rival. Mais l’adroit Tahofa aurait eu vent de cette manoeuvre
, car Singleton reçut tout-à-coup l’ordre de
quitter 5Iafanga pour retourner à Moua. Il en fut de