Kava.
Le hiko et le tiabo sont des jeux de femmes. Le
premier consiste à lancer successivement cinq balles ,
et à les faire passer d’une main dans l’autre , en ayant
soin d’en tenir toujours quatre en l’air. En même
temps celle qui joue chante des paroles dont la cadence
s’accorde avec chacun de ses mouvemens ; chaque
fois qu’elle peut finir son chant sans manquer,
elle compte un point. Quelquefois sept ou huit femmes
jouent tour à tour. Le habo ressemble beaucoup à
notre bilboquet.
Ces naturels aiment beaucoup les plaisirs de la
conversation; nos coutumes, nos moeurs et tout ce qui
a trait aux Européens, Papa-Languis, sont surtout
devenus pour eux des sujets très-intéressans d’entretiens
auxquels ils consacrent non-seulement des jours,
mais quelquefois des nuits entières G
Les parties de kava sont particulièrement remarquables,
chez les peuples de Tonga , par l’étiquette
qui s’y rattache et les règles sévères qu’on y observe
touchant les rangs et la préséance de chacun de ceux
qui peuvent y prendre part.
Nous n’avons pas besoin de rappeler que le kava
ou ava à Taïti, Nouka-Hiva et Hawaii, est cette espèce
d’infusion que l’on obtient en exprimant le suc des
racines broyées du piper methyslicum et le mélangeant
avec une certaine quantité d’eau. Il en résulte
un breuvage fade, douceâtre, piquant et d’une saveur
nauséabonde à mon avis , mais fort goûté par les Polynésicns
et même par les Européens qui s’y sont habitués.
Pris en trop grande quantité, il cause l’i f resse,
et son usage habituel et immodéré conduit à une espèce
d’abrutissement ou d’idiotisme très-marqué.
Presque tous les insulaires de l’Océan-Pacifique,
habitans des îles situées entre les deux tropiques,
sont passionnés pour ce breuvage. Mais nulle part il
ne donne lieu à ce cérémonial rigoureux, à ces
assemblées solennelles qui ont été observés à Tonga-
Tabou.
Déjà Cook nous avait donné quelques détails curieux
sur la manière dont avaient lieu les parties de
k av a , et son texte est même accompagné d’une excellente
gravure représentant une de ces scènes. Biais
c’était à Mariner qu’il appartenait de fixer tous nos
doutes à cet égard, et je pense qu’on me saura gré de
reproduire ici tout ce qu’il raconta à ce sujet.
La description suivante s’appliquera aux circonstances
où le kava est servi dans toute son étiquette, à
l’occasion d’une cérémonie religieuse ou politique, ou
d’une visite de haute importance.
Si la compagnie est fort nombreuse, pour avoir
plus de place, le kava a lieu sur le malaï, grande
pelouse qui environne la maison des eguis, et le
président seul se tient sur le seuil de la maison.
Ces parties ont le plus souvent lieu dans la matinée,
et les femmes d’un certain rang n’assistent jamais à ces
réunions quand elles sont publiques.
Le chef qui préside au k av a , et c’est toujours le
plus élevé en dignité de ceux qui sont présens , sasii'ir
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