A six heui e s , nous trouvant à peu près à égale
distance des petites îles Komo et Taboune-Siki, nous
avons beaucoup réduit la voilure, et nous avons couru
de très-petits bords. Les nuits sont fort obscures, les
courans assez fo r ts , et dans ces dangereux parages
nous ne pouvons prendre trop de précautions pour
ne pas tomber sur quelque récif inconnu. Toutefois
Mouki m’a dit qu’il ne connaissait dans les environs
qu’un danger isolé, situé à quelque distance dans
l’ouest de Taboune-Siki, et il lui donna le nom de Na-
vatou. Les pirogues de ce chef ont poursuivi leur
route vers Laguemba afin d’annoncer aux habitans
notre prochaine arrivée.
Lorsque j ’opérai la reconnaissance de ces île s , je
pensai qu’elles devaient être les mêmes que Wilson
découvrit en septembre 1797. Son île Table me parut
être la plus grande du groupe de Ang-Hasa; je rapportais
son île Neat’s-Tongue à Namouka, et ses îles
Danger aux îles Moze, Komo et Holo-Roua. Mais en
examinant de plus près notre travail, et le comparant
avec le plan qu’il a dressé, j ’ai remarqué de telles différences
de configuration, de longitude el de latitude,
que je doute fort de l’identité. Peut-être existe-t-il des
lies encore plus a l’est que nous n’aurions point vues,
et qui seraient celles de Wilson ; ou bien, comme le
suppose Ai'rowsmith, les longitudes de ce navigateur
doivent-elles diminuer de vingt-trois minutes. Elles
s’accorderont alors avec nos positions , mais la différence
des configurations n’en existera pas moins. Il
n’appartiendra qu’au navigateur qui passera à l’est des
îles Ong-Hea, Ang-Hasa et Moze et à peu de distance,
de résoudre ce problème.
A cinq heures et demie du matin nous faisons servir
au N. N. O. avec un vent d’E. assez frais, bien que le
ciel demeure très-couvert et qu’il tombe une pluie fine
el continuelle. Cette pluie nous a long-temps masqué
la vue des terres; ce n’a été qu’à sept heures que
nous avons pu reconnaître Holoroua, Wangara et
Taboune-Siki; le courant nous avait sensiblement
portés vers cette dernière.
A sept heures quarante minutes nous avons parfaitement
distingué les hautes terres de Laguemba, incorrectement
nommée sur la plupart des caries Ate-
kimbo, et à dix heures dix minutes, comme nous n’en
étions plus qu’à cinq milles environ, j ’ai mis la corvette
aux petits bords pour attendre l’arrivée des naturels
et entamer mes négociations avec eux au sujet
de l’ancre.
Vers onze heures une grande pirogue double appartenant
à Mouki, et qui depuis long-temps gouvernait
sur nous , a accosté la corvette ; mais elle a manqué
la bosse que nous lui avons envoyée, et elle a été forcée
de manoeuvrer très-long-temps avant de pouvoir nous
rejoindre. Cette pirogue, d’une très-grande dimension
, armée par vingt ou trente Hommes, el surmontée
de deux ou trois plates-formes, l’une au-dessus
de l’autre, offrait un aspect vraiment imposant, et je
conçois qu’à la voile elle eût pu couler bas notre chaloupe
, toute solide qu’était cette embarcation.
Quelques momens après, une autre pirogue plus
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