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1827.
Octobre.
in. CLIV.
D’abord le futur époux et son père firent ensemble
plusieurs génuflexions et quelques libations devant
un petit autel élevé dans la première pièce de la maison.
Puis le jeune homme fit trois génuflexions devant
son père, deux à sa mère, et une à sa soeur. Ensuite
il monta dans un palanquin, et alla chercher sa
future dans sa maison, au son de divers instrumens ,
aux acclamations du peuple, et entouré d’hommes
qui portaient des banderoles au bout de leurs bâtons.
Au bout d’un certain temps, les deux fiancés revinrent,
chacun dans un palanquin. Le père du fulur
introduit d’abord celui-ci dans la chambre nuptiale,
en tenant un tamis suspendu sur sa- tête. Puis l’époux
va chercher sa fiancée et l’introduit à son tour
dans la chambre, en observant le même cérémonial.
La jeune fille est voilée du haut en bas , entourée en
outre de plusieurs étoffes qui déguisent complètement
sa taille et ses formes. Du reste elle ne marche qu’à
pas très-lents, et semble une machine animée par
des rouages, tant ses mouvemens sont lents, raides
et mesurés. Arrivée dans la chambre, elle fait encore
quelques gestes des deux bras avec la même lenteur.
Enfin le futur lève le voile, et c’est là le moment
o ù , suivant les moeurs nationales, l’époux est censé
voir pour la première fois le visage de celle qui doit
devenir sa moitié ; si cette coutume était rigoureusement
observée , on doit concevoir quelle serait en ce
moment l’inquiétude du futur, et combien il devrait
être souvent désappointé. Mais la chronique assure
que les infractions à cette règle sont plus nombreuses
que les cas même où elle est observée.
Du reste, dans la circonstance actuelle, l’époux
n’aurait eu sans doute qu’à se louer de son destin.
Pour une Chinoise , la jeune mariée était fort bien ;
son teint était d’une délicatesse extrême, ses traits pi. c x lv i i i .
fort réguliers et agréables, et son visage ne manquait
pas de fraîcheur. Mais le type ordinaire de la race
chinoise s’y retrouvait tout entier, et me rappela sur-
le-champ celui de la statue de porcelaine. Il y avait
même entre la coiffure et les vêtemens de la statue et
de la fiancée, certaine ressemblance qui pouvait me
faire croire que l’artiste n’avait pas eu besoin d’un
modèle étranger pour exécuter son oeuvre.
Le voile soulevé, il y eut diverses cérémonies qui
consistaient en libations devant un petit autel, échanges
de places, présentations réciproques, entre les
deux époux, de thé, sucre, etc. Tout cela exécuté,
comme par ressort, avec une lenteur insupportable,
tellement que le moindre mouvement exigeait deux
ou trois minutes de temps.
Dans la chambre nuptiale la chaleur était suffocante
, à cause de la foule qui s’y pressait ; et dans
l’antichambre où se trouvaient servis des mets et des
rafraîchissemens de toute espèce, les Européens causaient
, buvaient, mangeaient et fumaient sans aucune
retenue, ce qui contrastait d’une manière si singulière
avec la décence et la réserve extrême observée par les
Chinois, que j ’en étais moi-même choqué. C’en eût
été assez pour faire connaître sur-le-champ le carac