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 1S27. 
 Juillet. 
 I  août. 
 de  la  journée.  Durant  toute  la  nuit  nous  courûmes  
 des  bordées, non sans de vives inquiétudes  d’être exposés  
 à une rencontre semblable à celle du matin.  Les  
 courans  ont une direction  si  variable,  et  la  côte  a été  
 si  grossièrement  figurée  dans  l’ébauche  laissée  par  
 Dampier, qu’il est impossible  de diriger sa route avec  
 la moindre sécurité. 
 Au point du jour le ciel est encore entièrement couvert  
 ;  mais,  comme  la  pluie  a  cessé,  je me  décide  à  
 faire  roule  au  N.  N.  E.  pour  reconnaître  la  terre  à  
 quelque prix que ce soit. A six heures et demie la vigie  
 annonce  une  petite  île  basse de l’avant ;  nous  en  approchons  
 rapidement,  et  par  momens  nous  distinguons  
 la côte de  la Nouvelle-Bretagne  qui  s’étend depuis  
 l’E.  jusqu’au N.  O . ,  en  passant par  le  nord ,  et  
 sans  interruption.  Du  reste  ces  terres  sont  presque  
 constamment chargées de nuages,  el ne se découvrent  
 que rarement et partiellement h nos regards,  de  sorte  
 qu’il nous est impossible d’en bien  saisir ni  l’ensemble  
 ni les  détails. 
 Nous passâmes à moins de six milles des deux îlots  
 Roos; puis  nous  revînmes  successivement  au N. O . ,  
 O. N. O . ,  et  même à l’O.  pour  nous  diriger  vers  un  
 groupe  d’îles  plus  considérable,  situé  également  au  
 devant des terres  de  la Nouvelle-Bretagne,  et  qui reçut  
 le  nom d’îles  Gracieuses. 
 Nous  avons  eu,  dans  la  matinée,  des  angles  horaires  
 ,  et  à douze minutes  du  méridien des hauteurs  
 du  soleil,  qui  nous  ont  procuré  la latitude;  ce  qui  a  
 été  une  vraie  fortune  pour  nous,  après  la  privation 
 complète d’observations à laquelle nous étions réduits  
 depuis  plus de quatre jours. 
 En  outre,  quoique nébuleux  encore,  le  ciel  s’embellit  
 sensiblement,  la brise est plus régulière  au sud,  
 et  la  mer  s’est  beaucoup  calmée.  Nous  poursuivons  
 paisiblement  notre  route  à l ’O.  S.  O . ,   afin  de  prolonger  
 la côte et de nous rapprocher de la partie occidentale  
 de la Nouvelle-Bretagne,  dont les montagnes  
 sont  visibles  depuis  deux  heures  après midi  dans  
 l e N .O . 
 Avec les vents  du  sud  qui régnent  habituellement  
 depuis  que  nous  sommes  sur  cette côte,  je n’ai  pas  
 cru  devoir me rapprocher  trop  de  te rre,  de peur  de  
 ne pouvoir  doubler,  à  la  bordée,  le  cap  An n ,  si  le  
 vent  revenait au S. O.  D ’un autre côté je suis resté de  
 bonne heure aux petits bords afin de ne pas m’engager  
 durant  la  nuit  sur  les  basses  qui  faillirent  etre  funestes  
 aux  vaisseaux de d’Entrecasteaux. 
 Au  coucher du  soleil  l’horizon  était  déjà  si dégagé  
 que nous saisissions les  sommets de l’île Rook  dans le  
 N. O . ,  et ceux du cap King-William,  à la distance de 
 quinze et dix-huit  lieues. 
 Le  temps  fut  très-beau  toute  la  nuit ;  dès  que  le  
 jour commença à poindre,  je  fis  route  au  nord  et  au  
 nord-ouest  pour rejoindre la terre.  Le  ciel était  clair,  
 mais  l’horizon  embrumé  ne permettait  point  de  voir  
 les terres. A  sept heures  la vigie  signala de petites îles  
 basses dans  l’ouesl-nord-ouest,  à dix  ou  douze milles  
 de  distance.  Je ne  pus  douter  que  ces  îles  ne fussent  
 celles  dont je voulais éviter l’approche. 
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