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 630 V O Y A G E 
 1827.  fait  jadis,  j ’ai  admiré  la  propreté,  la  tranquillité  et  
 Septembre,  l’honnêteté  de  ces  petits  marchands,  sous  tous  ces  
 rapports  bien  supérieurs  aux  Européens  si  fiers  de  
 leur  civilisation.  J’ai  poussé  ma  promenade  et  mes  
 observations jusqu’à  un  pont  brisé  hors  de  la  v ille ,  
 où  j ’ai  été  contraint  de  m’arrêter  et  de  revenir  sur  
 mes  pas. 
 Plusieurs  personnes  de  l’état-major  sont  allées  
 assister  à  une soirée musicale avec  danses  chez monsieur  
 et madame  Paape.  Ces  réunions  imprégnées  de  
 fumée de tabac ne m’offrent que peu  d’attraits. 
 I  octobre.  Le  uavirc  baleinier  anglais  le  Castor  est  mouillé  
 sur  la  rade  d’Amboine  depuis  quelques  jo u r s ,  et  le  
 motif de  sa  relâche  avait  été  la maladie  de  son  capitaine  
 ,  qui  se  trouve  très-mal,  et  qui  s’est  fait  transporter  
 à  l’hôpital  dans  l’espoir  de  s’y  rétablir  plus  
 promptement.  Ce  bâtiment  devait  repartir  demain,  
 sous  le  commandement  du  second,  pour  continuer  
 sa  pêche  dans  les  Moluques  et  revenir  plus  tard  reprendre  
 son  capitaine.  Mais  le gouvernement hollandais  
 s’y  opposa  formellement,  et le  départ  se  trouva  
 ainsi  retardé.  Héritier du caractère défiant  et ombrageux  
 de l’ancienne compagnie,  le  gouvernement local  
 a  placé  à  bord  de  ce  navire  six  ou huit soldats pour  
 épier les moindres  actions des hommes de l’équipage,  
 et nul canot ne peut déborder sans  gardes.  On nous  a  
 fait  entendre  que  ce  n’a  été  que  par  une  faveur  spéciale  
 que nous  avons  été exemptés de ces dispositions  
 rigoureuses. 
 L ’année  dernière,  le  Castor  toucha  à  la  baie  des 
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 Ile s ,  où il  prit quatre Nouveaux-Zélandais  à Korora-  
 Reka pour renforcer son équipage. 
 Notre fidèle Kokako a renouvelé connaissance avec  
 ses  compatriotes  qui  appartiennent  à  de  bonnes  familles  
 du  pays,  et  qui,  le  voyant  bien  vêtu  et  bien  
 traité  à  bord  de  notre  navire,  lui  ont  fait beaucoup  
 d’amitiés,  et l’ont même  sollicité  de  passer  avec  eux  
 sur  le Castor.  Kokako,  pauvre esclave dans Korora-  
 Reka,  a été  tellement flatté  de  se  voir  ainsi  accueilli  
 par des hommes d’une  condition bien  supérieure à  la  
 sienne,  qu’il  a  bien  vite  cédé  à  leurs  instances  ;  il  
 est  venu  non  sans  quelque  embarras  me  demander  
 son  débarquement.  Comme  je  n’avais  aucun  droit  
 positif sur  sa  personne,  et  qu’au  fond  il y aurait  eu  
 de ma part quelque apparence d’injustice  à lui refuser  
 les moyens  de revoir  son pays,  je lui  accordai  sur-le-  
 champ  sa requête.  Le  coeur  gros  et  l’air honteux,  il  
 prit  congé  de  l’Astrolabe pour se rendre  sur  le  Castor. 
   Sans  doute  il  n’aura  pas  été  long-temps  à  se  
 repentir du changement.  A la place du service dou x,  
 de  la  bonne  nourriture  et  des  égards  qui  étaient  
 son  partage  à  bord  de  l’Astrolabe,  il  n’aura  trouvé  
 que les fatigues,  les privations, la mauvaise chère,  et  
 surtout  les mauvais traitemens  auxquels  les  sauvages  
 sont  exposés  sur  les  baleiniers.  La  veille  encore,  
 Kokako  me  jurait  dans  toute  l’effusion  de  son  ame  
 qu’il  ne  voulait  jamais  remettre  les  pieds  dans  son  
 pays,  et  qu’il voulait m’accompagner en France pour  
 y rester avec moi.... Véritable enfant, incapable d une  
 réflexion  suivie !...  Du reste,  je me suis souvent féli- 
 TOME  IV .  4 2 
 1827, 
 O c lo b i ’i'.